Mercredi 31 mai se déroulait la soirée du Prix de l’Audace, sur le toit-terrasse du 34 avenue des Champs-Élysées à Paris, chez Sortir à Paris. Le Hub Marques & Médias d’HEC Alumni a récompensé le président de Publicis Arthur Sadoun, Simplon.co, Hari&Co et Banijay. Également parmi les lauréats, l’équipementier Rossignol. 

L’audace chez HEC, en 2023, serait-elle de partager ses innovations sur un marché ultra-concurrentiel ? Représenté par son CEO Vincent Wauters, le groupe Rossignol a remporté le prix décerné par le Club Grande Consommation lors de la cérémonie du Prix de l’Audace. L’audace de Rossignol ? Un engagement pour le développement durable et la diffusion de ses technologies en open source.

Producteur de skis mondialement renommé, l’équipementier de sports d’hiver a adopté une nouvelle stratégie basée sur le recyclage de ses produits et la diversification de ses activités pour répondre aux défis du changement climatique. « La transition environnementale est le sujet qui revient le plus souvent [chez les alumni], explique Anne-Laure Frossard, présidente du Club Grande Consommation de HEC Alumni, qui a supervisé le processus de vote. On souhaite amener les gens à consommer mieux, différemment et de manière plus consciente, tout en restant dans des logiques de masse. »

En recevant le trophée, Vincent Wauters a raconté sa prise de poste mouvementée. Une période particulière, durant laquelle le groupe a pris le risque d’investir alors que l’activité économique se rétractait : le Covid. « J’ai pris mes fonctions le 1er février 2021, au moment où les remontées mécaniques, en France, en Italie, en Allemagne, étaient à l’arrêt. Je m’en souviendrai toute ma vie », déclare-t-il à l’assemblée. Il s’est alors lancé dans des projets de construction, décisions qu’il qualifie de « radicales », et qui permettent aujourd’hui de recycler les nouveaux skis Rossignol à hauteur de 77% (contre 7 % en moyenne pour des skis ordinaires). Un tiers des 15 millions d’euros investis par le groupe concerne l’énergie, avec notamment la réfection des toits et la pose de panneaux solaires sur l’usine d’Artes, en Espagne.

Le dirigeant a également pris la décision de vendre plusieurs marques et de se lancer dans le VTT de montagne, alternative aux sports de remontées mécaniques. L’audace, selon lui, a été de « faire face à la réalité mais aussi d’investir et de croire en l’avenir. Tous les projets de développement de skis hautement recyclables et la diversification de nos produits ont été décidés dans les premières semaines après mon arrivée. Dix-huit mois plus tard, c’est ce qui nous aide à rebondir. » Ce rebond se traduit aujourd’hui par le dépassement des 400 millions d’euros de chiffre d’affaires, et une croissance de 28 %.

Une marque de 116 ans

Est-ce compliqué pour Rossignol d’allier marque historique, fondée en 1907 par Abel Rossignol, et vision d’avenir ? « On ne survit pas à deux guerres mondiales et des crises en cascades en restant leader mondial sans imaginer un avenir inspirant. » La prochaine étape pour Rossignol : la plantation de plusieurs hectares de forêt dans les Pyrénées. « C’est assez rare qu’une entreprise choisisse ainsi de se protéger sur le long terme. Là, on va planter nos propres forets, qui constitueront des puits à carbone pour les quinze prochaines années. Cela représente 50 000 arbres. 14 000 tonnes de carbone vont être absorbées pour alimenter, en circuit court, nos usines en Espagne et en France. Les skis fabriqués seront, pour le bois, recyclables à 100%. »

Mais ce qui a particulièrement influencé le vote des alumni, c’est la décision de l’équipementier de mettre sa technologie du ski recyclable en accès public. « Non seulement, on réinvente notre produit phare, le ski, en le rendant le plus recyclable possible, mais on le fait dans une logique de partage, qui permet aux concurrents de nous imiter. C’est une idée forte, qui casse les règles du marché. »

L’an dernier, le groupe Seb avait été récompensé par le club pour ses actions en faveur de la réparabilité des appareils. La crise sanitaire et l’urgence climatique semblent avoir marqué un tournant dans la perception de l’audace chez HEC. « Avant le Covid, il y avait des intérêts plus diversifiés, pour l’innovation en tant que telle par exemple, explique Anne-Laure Frossard. Aujourd’hui, on n’innove plus pour innover, on innove pour aller dans la bonne direction. »

Images : ©Bellak de @Sortiraparis.com 

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