Mercredi 31 mai se déroulait la soirée du Prix de l’Audace, sur le toit-terrasse du 34 avenue des Champs-Élysées à Paris, chez Sortir à Paris. Le Hub Marques & Médias d’HEC Alumni a récompensé le président de Publicis Arthur Sadoun, Rossignol, Hari&Co et Simplon.co. Également parmi les lauréats, le géant de la production audiovisuelle Banijay.  

L’audace chez HEC, en 2023, est-ce finalement partir de rien et imposer un groupe français sur un marché dominé par les Américains ? Le Club Médias & Entertainment d’HEC alumni a voulu faire honneur à Banijay, un mastodonte du divertissement télé. Le CEO France du groupe, François de Brugada, est venu recevoir le prix de l’Audace ce soir-là. Il a, reconnaît-il, un « patron très discret. »

Big Brother, N’oubliez pas les paroles, MasterChef : ces noms familiers sont les programmes qui rythment le quotidien de beaucoup de foyers. Ils ont en commun d’être produits et réalisés par la société Banijay, derrière laquelle œuvre le très peu médiatisé homme d’affaires Stéphane Courbit depuis 2008. Ce dernier est entré dans le milieu de la télévision en tant qu’assistant du présentateur et producteur Christophe Dechavanne, notamment sur le lancement de l’émission Combien ça coute ? dans les années 1990. 

Stéphane Courbit est rapidement sorti de Paris pour bâtir un empire à l’international. Son entité se targue aujourd’hui d’être présente dans plus de vingt pays, dont les États-Unis et l’Inde, et d’avoir 166 000 heures de programmes diffusés au compteur. La France ne représente qu’environ 10% de son chiffre d’affaires. Dernier accomplissement majeur pour le groupe : l’acquisition, achevée en 2020, d’Endemol Shine pour 2,2 milliards de dollars. 

François de Brugada, CEO France de Banijay, recevant le prix de l’Audace des mains de Jérôme Wagner, président du club HEC Médias & Entertainment.

« Parti de rien »

« Il a fait, à chaque fois, des choix très audacieux avec aujourd’hui plus de 200 sociétés dans le monde », explique Jérôme Wagner (H.85), le président du Club HEC Médias et Entertainment dans son discours. Et de préciser que le Club a décerné le Prix de l’Audace à Banijay en résonance avec la devise d’HEC : « apprendre à oser ».  

« On a été impressionné par le parcours de Stéphane Courbit, qui a toujours été visionnaire, confie le président du club à HEC Stories en expliquant le choix de ses 1500 membres. ll a monté un groupe en créant et en rachetant de sociétés. Son audace et son côté entrepreneur font qu’aujourd’hui, c’est un groupe qui pèse plus de trois milliards d’euros alors qu’il n’est parti de rien. » 

Dans la cour des Américains

Avec des jeux ou des émissions de téléréalité, Banijay marche sur un territoire largement dominé par nos voisins d’outre-Atlantique. « Les Français sont connus pour le luxe ou la mode mais ne sont pas tellement attendus dans ce domaine-là. Les Anglo-Saxons considèrent qu’ils ont inventé l’entertainment, explique François de Brugada à HEC Stories. Ils sont quand même assez surpris et ont mis un petit moment avant de nous prendre au sérieux. Mais en quinze ans, nous sommes devenus le leader mondial des indépendants. » Au-dessus d’eux ? De grosses machines comme Disney ou Warner, qui intègrent leurs propres diffuseurs.  

C’est aussi cette concurrence française qui a été saluée par le Club des alumni HEC. Selon Jérôme Wagner, « il y a plus que les Américains, il y a maintenant les Chinois. Il faut avoir une vraie puissance. Le challenge, c’est d’être présent sur tous les secteurs du jeu, la production, la distribution, les contenus, les médias classiques, et le digital. » Dans la shortlist du Club pour ce Prix de l’Audace figurait le groupe de production audiovisuel MediaWan, Fimalac Entertainment, le groupe Vivendi ou encore… TikTok ! 

Nouvelles plateformes et réseaux sociaux

Les réseaux sociaux représentent d’ailleurs l’un des deux gros challenges pour Banijay, avec le vieillissement de ses téléspectateurs. « Il y a toujours beaucoup de gens devant les écrans de télévision, mais c’est une population plus âgée. Beaucoup de nos programmes sont à l’antenne depuis longtemps, analyse François de Brugada. C’est un travail extrêmement difficile, mais valorisant, de renouveler une marque en permanence. » 

À venir ? L’arrivée de nouvelles séries « à la fois pour les plateformes et pour les chaînes traditionnelles ». Le groupe tire tout de même 20% de son chiffre d’affaire de la fiction, avec 600 millions d’euros de programmes produits chaque année. En rachetant Endemol, Banijay a notamment mis dans son catalogue des œuvres comme Peaky Blinders ou Black Mirror 

 

Images : © Bellak de @Sortiraparis.com 

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