Michel Galiana-Mingot (MBA.75): N’oubliez jamais vos passions

Dans ma vie, j’ai pris deux tournants majeurs, l’un en faisant le MBA HEC et le second en prenant ma retraite. Si comme moi, vous avez aussi des virages à négocier, n’oubliez pas vos passions…

La mienne était la science : enfant, je baignais dedans car mon père écrivait les articles scientifiques des Larousse et la maison était pleine de livres de sciences. Adolescent, j’ai trouvé un magnifique ouvrage très pédagogique, du savant Georges Gamow, l’inventeur du rayonnement cosmologique. Il m’a permis de découvrir de façon imagée la relativité générale et la mécanique quantique à 17 ans. Cela m’a amené à l’École Polytechnique. Pourtant, une autre passion se dessinait en moi : le plaisir de découvrir les hommes et les responsabilités dans la société.

Le MBA HEC m’a définitivement propulsé dans cette voie et la science est passée en arrière-plan. J’ai fait le gros de ma carrière chez Sony comme Président pour la France et Vice-Président pour l’Europe. Puis, j’ai passé une vingtaine d’années à effectuer des retournements d’entreprises en difficulté. Sur le plan humain, je ne connais pas d’expérience plus enrichissante que celle de se battre aux côtés de collaborateurs qui souhaitent sauver leur entreprise et dont vous gagnez la confiance pour y parvenir. J’avais quelque peu oublié la science lorsqu’une rencontre a tout changé : il y a une trentaine d’années, j’ai connu l’astrophysicien Michel Cassé, grand spécialiste des étoiles et poète à ses heures. En conversant avec lui, tous mes souvenirs d’étudiant sont revenus. Je me suis rendu compte que des réponses avaient été apportées à beaucoup de mes questions sur l’Univers.

En parlant avec Michel, j’ai aussi compris que chacune des réponses induisait deux ou trois autres questions, souvent plus fondamentales. Un déclic s’est produit, qui m’a ramené vers ma première passion. À partir de là, a commencé pour moi une vie double : d’un côté, le travail dans le cambouis et la sueur pour diriger des entreprises en difficulté, et de l’autre, le monde des étoiles et des galaxies pour m’évader pendant mon temps libre. J’ai commencé à dévorer tout ce que Michel avait écrit, ainsi que son maître Hubert Reeves, puis Stephen Hawking et beaucoup d’autres.

 

Du le Big Bang jusqu’à l’Homme

En explorant le Big Bang et nos origines, j’ai commencé à comprendre que le mystère de l’apparition de la vie était encore plus épais que celui du Big Bang. Je me suis donc plongé dans la biologie pour essayer de comprendre. L’eau était plutôt froide car je n’avais aucune formation dans ce domaine. Les écrits sur le thème de la vie sont bien moins populaires que ceux sur l’astrophysique : ils sont plus ardus ! Lorsque j’ai commencé à saisir clairement l’état de la science en la matière, je me suis dit qu’il me fallait m’attaquer aux autres mystères : ceux de l’évolution des espèces, de la morphogénèse (comment apparaissent les formes), de l’hominisation et finalement, de la naissance de la conscience.

En prenant ma retraite, un nouveau virage m’attendait : restituer ce savoir à la société. Aussi ai-je entrepris d’écrire la grande saga de tout ce qui s’est passé depuis le Big Bang jusqu’à l’Homme. J’avais pour but de la rendre accessible à tous sans le pré-réquisit d’une formation scientifique, comme l’étaient les textes que mon père écrivait pour Larousse. Cette immense fresque est passionnante car mettre tout en perspective donne un sens beaucoup plus fort à l’Univers. Plus on avance dans les 480 pages de cette histoire naturelle, plus on découvre que notre univers était dès le départ, très simple, mais configuré pour produire spontanément la plus grande complexité. On ne peut pas découvrir cela sans se poser des questions métaphysiques. Je le fais à la fin de mon livre en offrant une interprétation pour les croyants et une autre pour les agnostiques ou les athées.

Connaîtrais-je dans ma vie d’autres grands virages ? Probablement pas, mais mon retour dans les sciences me fait plonger dans un infini qui m’occupera tant que j’en aurai l’énergie. Je vous propose de partager avec moi l’émerveillement qu’inspire ce voyage au carrefour de l’infiniment petit, de l’infiniment grand et de l’infiniment complexe.