Comme pas mal d’HEC, j’ai décidé de créer ma boîte et je vous raconte comment. Dans ce troisième (et avant-dernier) épisode de la saga, je raconte comment la création d’entreprise passe par bien des aléas : des hauts et des bas.

Résumé des épisodes précédents. 2009 : après 15 ans de carrière, l’EMBA HEC et un licenciement économique, je deviens consultant en transition numérique. Pour me faire connaître et lancer mon activité, j’utilise un mix de networking, de publications et de conférences, et je commets aussi quelques erreurs instructives.

Comment toucher les décideurs ? Ma stratégie : cibler les dirigeants. En poste, ils sont injoignables ; hors poste, ils sont disponibles et à l’écoute. Ils ne resteront pas hors poste. Si je suis bon, ils se souviendront de moi et pourront m’appeler après leur transition. Ce qui se produira à plusieurs reprises, même bien plus tard. J’ai été surpris le jour où on m’a contacté en me disant : « Je vous ai entendu à telle conférence il y a quatre ans. »

Rejoindre les équipes de LinkedIn ? À force de publier sur LinkedIn, je suis contacté par les RH Europe. Je réfléchis 24 heures et je décline. Je me suis investi dans mon projet, l’activité décolle, je peux me rémunérer (même si comme beaucoup d’indépendants, je n’avais pas réalisé qu’on devait payer à la fois ses charges patronales et ses charges salariales).LinkedIn est un gros vecteur de business : je suis le seul en France à intervenir en leur nom et qu’ils recommandent quand leurs clients veulent des experts pour les accompagner. Les stratégies « outplacement » et « alumni » portent aussi leurs fruits. La troisième source de business vient de mes articles.

Bad buzz. En septembre 2012, j’ose écrire qu’il allait falloir prendre en compte les réseaux sociaux pour le référencement. Je prends de plein fouet un flot d’insultes, souvent anonymes. Certains me soutiennent en « off ». Le choc est rude, mais sa portée reste limitée à un écosystème assez réduit. Plusieurs études US confirmeront plus tard que les réseaux sociaux ont un impact, au moins indirect, sur le référencement d’un site. Nouveau bad buzz au lancement des offres mobiles de Free : même si elles sont moins chères, comparer des offres qui incluent le financement du téléphone avec des offres qui ne le prennent pas en compte n’est pas très correct. D’autant, que même en intégrant le téléphone, Free reste moins cher. Bilan : une avalanche d’insultes anonymes et de critiques lapidaires, sans aucun argument.

Les clients viennent « tout seuls ». Je ne prospecte pas : conférences, articles, publications, interviews, formations et bouche-à-oreille remplissent mon agenda. Je suis sollicité par des start-up, des PME, des associations professionnelles et des grands comptes internationaux de tous secteurs.

Des sujets divers. Je suis sollicité sur des sujets réseaux sociaux, campagnes digitales, inbound marketing, social selling, marketing RH, SEO, développement de sites, formations, conférences, interventions Comex, production de contenus, BtoB, BtoC, France ou international. Je ne suis pas un expert technique. Je dois comprendre comment ces technos fonctionnent, comment elles peuvent aider mes clients. Je m’appuie ensuite sur une équipe technique pour la mise en œuvre. Consultant ET agence de marketing digital. Gaël vient de quitter une agence. Il sait faire ce que je veux faire et ce que j’écris depuis des mois : développer une approche pull (par la demande) et non push (par l’offre) du marketing digital. Il a mis au point une méthodologie, vendue à quelques PME. Je l’intègre à mon offre. Gaël devient le directeur technique et pilote tous les projets de développement ou de campagnes digitales.

Le choc des cinq ans. Je comprends pourquoi il y a autant de faillites. Les régularisations de charges sociales sont violentes : des dizaines de milliers d’euros à sortir en quelques mois. Je rachète les parts du « sleeping partner ». Il ne m’a rien apporté, sauf des frais inutiles : rachat des parts, changement des statuts… Mon expert-comptable oublie d’informer la CIPAV du changement. Je verse ainsi des milliers d’euros de cotisations indues, que je n’ai toujours pas récupérées à ce jour. (Épisode 4 à suivre dans le prochain numéro de la revue…)

Cyril Badier (E.07)

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