Soumis à des obligations réglementaires spécifiques, les clubs sportifs professionnels sont aussi exposés aux aléas de leurs recettes. Explications, avec Alice Magnan et Fabien Goudot (H.12).

 

Les finances des clubs de football sont-elles soumises à des règlements particuliers ?
Alice Magnan : Au niveau européen, les clubs de football sont soumis au respect du fair-play financier adopté par l’UEFA en 2010. Depuis 2022, le règlement de l’UEFA sur la viabilité financière repose sur trois piliers : absence d’arriérés de paiement, stabilité des recettes et contrôle des coûts et frais liés à l’équipe (avec une limitation progressive des dépenses consacrées aux salaires, aux transferts et aux commissions d’agents à 70 % des recettes du club). Amendes, interdiction de recrutement voire dans les cas les plus graves, exclusion des compétitions européennes, font partie des sanctions potentielles.
Fabien Goudot : En France, la comptabilité des clubs professionnels est contrôlée par la Direction nationale du contrôle de gestion. Les clubs doivent présenter chaque année des comptes équilibrés et respecter certains ratios de masse salariale et de fonds propres. Une interdiction de recrutement, un encadrement de la masse salariale et des indemnités de mutations, une rétrogradation ou encore une exclusion des compétitions françaises peuvent être prononcés en cas de manquement.

Quels sont les risques pour les investisseurs ?
Alice Magnan : En plus des risques usuels de toute entreprise (risques réputationnels ou d’atteinte à la marque, sécurité, crise économique ou sanitaire, etc.), le premier facteur de risques spécifiques pour un club est l’aléa sportif. Une part importante des revenus d’un club dépend en effet de ses résultats sportifs. La faible diversification des activités de nombreux clubs entraîne également une dépendance vis-à-vis des revenus issus des droits audiovisuels et des contrats de sponsoring, et donc des risques liés à l’incertitude de l’évolution de ces droits et partenariats.

Au cours des dernières années, quelles ont été les principales évolutions sur le marché du sport ?
Fabien Goudot : De plus en plus de personnes font du sport, et cette population s’est diversifiée, avec notamment une féminisation du sport amateur et professionnel. La future création en France d’une ligue féminine de football professionnel en juillet 2024 en est une illustration. On assiste aussi à un développement des cas de multipropriété des clubs dans le sport, en particulier dans le football.
Alice Magnan : De nombreux clubs se lancent aussi dans la construction ou la rénovation de leur stade afin d’accroître leurs recettes, diversifier leurs sources de revenus et attirer de nouveaux investisseurs. La digitalisation et les innovations technologiques ont également eu un impact majeur dans le sport et de nouvelles pratiques, comme le e-sport, sont aujourd’hui en pleine expansion.

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