On connaît suffisamment la crise des sciences humaines et ce n’est faire injure à personne que de noter que les représentants les plus récents de ce que nos amis anglo-saxons dénomment la French Theory font l’objet de tirages moins importants que les Foucault, Lacan ou même Althusser, sans parler des ancêtres que sont désormais Sartre et Camus. Est-ce dû à la moindre fécondité de nos intellectuels les plus en vue ? Ou, plus inquiétant, au basculement vers une nouvelle ère marquée par la prééminence des égoïsmes individuels et de la réussite matérielle au détriment des préoccupations intellectuelles et des idées générales ? Toujours est-il qu’aujourd’hui plus qu’hier, les revues qui s’adressent aux « honnêtes gens » peinent à survivre. Il est loin le temps où la NRF pouvait se prévaloir, en 1920, soit deux ans à peine après la fin de la Première Guerre mondiale, de quelque sept mille abonnés.

De nos jours, même s’il est difficile de citer des chiffres précis, les quelques revues en langue française d’un standing comparable qui tirent à plus de mille exemplaires « papier » se comptent sur les doigts d’une main. Face à une telle situation, les revues ont développé des supports électroniques tandis que d’autres, créées plus récemment, paraissent uniquement sur la Toile. Leur longévité n’est pas assurée pour autant, les lecteurs ne s’étant guère multipliés par la grâce des nouvelles technologies.

Mondesfrancophones.com, le « web-journal » que je dirige, et auquel contribuent deux camarades de ma promotion, Michel Bénézy et Roger Séguéla, s’est taillé depuis sa création, en 2006, une place parmi les revues qui défendent la liberté de penser sans œillères ni préjugés. Si la revue Mondesfrancophones fait le pari de la durée, c’est parce qu’elle demeure seule à faire entendre et dialoguer les voix multiples de toute la francophonie, que ce soit en Europe, en Afrique, aux Amériques ou dans les îles des Caraïbes, de l’océan Indien et du Pacifique. Loin du nombrilisme franco-français qui peut agacer à juste titre, la revue, ouverte aux vents du monde francophone, accueille les intellectuels, auteurs et artistes qui souhaitent faire connaître le plus largement leurs œuvres, qu’elles soient de pure création ou d’analyse, et les confronter aux réactions du public le plus large. Les lecteurs, en effet, sont invités à prendre parti et leurs réactions sont publiées (après « modération »).

Les articles de Mondesfrancophones couvrent quatre grands domaines : actualités, littératures, critiques et arts. Le premier fait la place à des commentaires sur des questions relevant de la politique, l’économie, la sociologie, etc., passées au crible de ces disciplines, voire de la philosophie ou de l’éthique. Le second accueille des œuvres originales en matière littéraire : poésies, nouvelles, mémoires, bonnes feuilles de romans récents ou à paraître. Les critiques rassemblent les analyses d’œuvres littéraires ou autres d’auteurs de la francophonie. Arts est une fenêtre sur les créations des artistes contemporains. Ouverte aux analyses de toutes sortes, Mondesfrancophones n’est pas une revue académique. Les textes publiés (après accord de la rédaction qui se réserve le droit de demander des corrections) s’adressent au public cultivé.

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