Abstract :

Bien que les robots dits « EPA » (Embodied Physical Action) soient de plus en plus intégrés à des équipes de travail pour effectuer des tâches diverses, nous connaissons encore mal les ressorts de la collaboration hommes-machines. Cette étude a donc deux objectifs. Déterminer si l’attachement émotionnel d’une équipe à son robot peut mener à une meilleure performance du groupe et à plus d’efficacité ; et comprendre si cultiver l’esprit d’équipe entre les employés et leur robot peut favoriser un attachement émotionnel envers ce dernier. À cet effet, nous avons mené une expérience auprès de 57 équipes collaborant avec des robots. Il en ressort que les groupes obtiennent de meilleurs résultats lorsqu’ils montrent de l’attachement à leur robot. La promotion de l’esprit d’équipe entre les employés et leur robot renforce cet attachement. Journal of the Association for Information Systems, 2018

3 questions à Sangseok You, professeur assistant à HEC

Sangseok You, professeur assistant à HEC Paris analyse les résultats de son étude concernant la collaboration homme-robot et l'importance des émotions.
Titulaire d’un doctorat de l’Université du Michigan, professeur assistant en systèmes d’information à HEC Paris, il s’intéresse, dans ses recherches, à la collaboration Homme-robot, l’intelligence artificielle et la collaboration virtuelle.

Quel est le principal enseignement de votre recherche ?

Les participants devaient téléguider un robot pour lui faire porter des bouteilles d’eau d’un point A à un point B. Résultat : les équipes qui se sentaient attachées à leur robot ont été plus rapides dans cette tâche. Notre étude montre que l’attachement émotionnel d’un groupe au robot permet une meilleure performance collective et une plus grande longévité. Pour favoriser cet attachement, nous avons identifié deux ressorts efficaces. Le fait de participer à la construction des robots, et de se doter d’une identité commune (nom, maillot d’équipe, logo…).

Que faire de ces résultats sur le plan pratique ?

Les entreprises et les managers doivent trouver des moyens de promouvoir des liens forts entre leurs équipes et les robots avec lesquels elles opèrent. Une logique de pérennité et de performance. Elles pourraient, par exemple, proposer à leurs employés de participer à l’étape de conception des robots, afin que le design de ces derniers réponde vraiment à leurs besoins, et que leur aspect visuel corresponde aux goûts de l’équipe.

Mais les managers doivent aussi veiller à ce que les employés ne développent pas de liens trop forts avec la machine, car ils pourraient être gagnés par un sentiment de perte s’ils en étaient séparés. Cela peut poser problème dans des organisations où les robots font partie des équipes pour de courtes missions. De même, l’attachement d’une équipe à un robot en particulier pourrait constituer un frein à sa performance. Si elle se trouve obligée de travailler avec un nouvel appareil par exemple.

Quel sera l’objet de vos prochaines études ?

Je voudrais explorer d’autres aspects du travail en équipe, notamment le lien de confiance qui unit les membres d’une équipe à un robot. Autre point, l’attachement émotionnel envers la machine provoque-t-il des effets inattendus ? Il pourrait exister des situations où cet attachement deviendrait contre-productif : par exemple, en cas de refus d’envoyer le robot en terrain dangereux. Je voudrais aussi tester d’autres configurations d’équipes, grandes ou petites, pour voir si cela modifie les résultats.

 

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