le RC Lens, qui compte 22 000 supporters abonnés, est l’une des équipes de foot françaises les plus touchées par l’absence de public liée au confinement. À la tête du club nordiste depuis 2018, Joseph Oughourlian (H.94) n’a pas vraiment eu le temps de savourer la remontée en L1.

Tout d’abord, bravo pour le bon début de saison du RC Lens et sa remontée en Ligue 1. Économiquement, que représente une promotion en L1 pour le club ?

C’est d’abord un soulagement de pouvoir retrouver l’élite du football français. Le RC Lens est structuré comme un club de L1 depuis plusieurs saisons, alors que nous étions en L2 avec des coûts de fonctionnement supérieurs aux recettes financières. La L1 est un autre monde. Le changement le plus significatif, c’est au niveau des droits télévisés., qui passent de 6,2 à environ 32,5 millions d’euros. En temps normal, cela génère également des recettes supplémentaires de billetterie, une meilleure visibilité pour nos sponsors et des revenus de merchandising en hausse.

Parlons de la billetterie justement : le reconfinement implique désormais de jouer tous les matchs à huis clos jusqu’à nouvel ordre… Quelles sont les conséquences économiques de l’absence de public ?

C’est un crève-cœur de jouer dans des stades vides, surtout lorsque l’on connaît la ferveur de notre public et l’ambiance du stade Bollaert-Delelis. Ce n’est pas vraiment l’image du foot que l’on a en tête. Et d’un point de vue financier, cela représente de grosses pertes. Après les droits TV, la billetterie est la source de revenus la plus importante du club, avec environ 7 millions d’euros annuels. Pour chaque rencontre disputée à huis clos, le manque à gagner s’élève à 450 000 €. Et nous sommes l’un des clubs les plus touchés par l’absence de public, puisque chaque fois qu’un match se déroule à huis clos, nous devons rembourser un peu plus de 22 000 abonnés.

Quelles solutions pourraient être envisagées pour maintenir à flot les clubs français ?

C’est une réflexion globale à mener. Il faudra sans doute diversifier nos sources de revenus pour devenir moins dépendant des seuls droits TV. Nous devons aussi faire face aux difficultés économiques de nos partenaires qui sont également touchés par cette crise. Toute la famille du foot français, à tous les niveaux, devra fournir des efforts. Il est évident que les clubs français sont actuellement en grand danger, puisque les rentrées d’argent sont quasi nulles.

Cette crise économique du football français a-t-elle d’autres conséquences périphériques ?

Hélas, oui. J’ai une pensée pour toutes les activités parallèles au foot. Tous ces prestataires à qui on ne peut plus faire appel pour les soirs de matchs. Cela fait beaucoup de « victimes » collatérales. En temps normal, l’activité autour des matchs, c’est environ 240 emplois créés… C’est compliqué pour les habitants de notre territoire.

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