Alors que le combat s’intensifie à Kiev et que l’Ukraine toute entière risque un déplacement massif de sa population, des actions pour aider le pays se mettent en place. Georgiy Grokhovsky (E.10), président du chapter Ukraine d’HEC Alumni, nous enjoint à agir rapidement. Rencontre avec un homme en Ukraine, qui a vécu huit ans en Russie et vit maintenant en France.

D’un pays à l’autre

« Je suis moitié ukrainien, moitié russe et français de cœur et de mariage », lance Georgiy Grokhovsky, de passage dans les locaux d’HEC Alumni à Paris, où il est venu pour une rencontre virtuelle avec les étudiants ukrainiens du campus. De père russe et de mère ukrainienne, Georgiy grandit dans l’Ukraine de l’Union Soviétique, et suit des études à l’Institut Polytechniques de Kiev, au début des années 1990, en pleine période de chute du communisme.

Visionnaire, l’étudiant qui s’était déjà lancé dans les affaires autour de l’export d’alcool de betterave et de grain, organise un échange entre son école et l’école Normale Supérieure de Cachan. Là-bas, il rencontre un jeune français qui deviendra son associé pendant de nombreuses années et fait la connaissance de son épouse actuelle. L’échange inter-étudiants touchant à sa fin, chacun reprit son chemin. Pour garder le contact, les deux étudiants s’écrivent des lettres et parfois, à force de patience, parviennent à se parler au téléphone, « moyennant 40 minutes d’attente avec la standardiste de Kiev», explique Georgiy qui se souvient de cette période de début des années 1990 avec émotion. Les années passent et les sentiments demeurent. Georgiy Grokhovsky dirige maintenant la première brasserie du pays et développe ses affaires en France.

1997, l’entrepreneur rejoint un copain d’enfance à Moscou. Ensemble, ils fondent un projet autour de la fabrication d’alcool, fabriquent aussi des bouteilles en verre et lancent même une importante flotte de camions pour transporter leurs bouteilles de bière. Les affaires sont florissantes.

Avec un climat autour des affaires « beaucoup moins libéral », se souvient Georgiy, il décide de rentrer en Ukraine en 2004. Cette même année, l’homme d’affaires revient en France, cette fois pour une compétition de golf, sa passion, et parvient à retrouver sa future épouse au terme d’une histoire épique.

De Jouy-en-Josas à Saint-Pétersbourg

Six ans plus tard, il commence un Executive Master à HEC Paris. « J’avais besoin de la théorie et je voulais aussi rencontrer d’autres entrepreneurs avec qui échanger », détaille Georgiy alors impressionné par la qualité des matières enseignées. Ironie de l’histoire, un professeur d’alors, Philippe Pelé-Clamour, répartit cet EMBA entre Paris et Saint-Pétersbourg. Georgiy a plusieurs sociétés en Ukraine mais travaille aussi avec la France. Il a par exemple organisé la coopération du groupe Bolloré avec le groupe Bogdan qui fabrique des ossatures de bus électriques, assemblés en France. Ainsi que le développement de camions électriques, suivi par le projet du camion fonctionnant à l’hydrogène, à destination de l’Europe.

«Poutine n’a pas compris qui sont les ukrainiens»

À 53 ans, Georgiy Grokhovsky peut se targuer de bien connaître l’Ukraine période Union Soviétique puis l’Ukraine d’après la dislocation, mais aussi l’Europe et la Russie de Vladimir Poutine. « La plus grave erreur de Poutine est de ne pas avoir compris que les ukrainiens sont comme les français ! La liberté est dans leur AND et Maidan (la place de l’Indépendance de Kiev, NDLR) est dans leur cœur. »

Georgiy Grokhovsky

Être libre, c’est comme respirer, manger ou boire. C’est vivre ! », martèle celui qui trouve insuffisantes les sanctions de la communauté internationale. « Il faut encore en rajouter et taper fort sur tous les fronts. La pression économique comme médiatique est importante. Il faut que le peuple russe sorte de son silence, car il a sa part de responsabilité dans cette guerre », clame-t-il.

Georgiy Grokhovsky invite la communauté d’alumni à actionner trois leviers. « Il faut fournir une aide humanitaire auprès des combattants, des ukrainiens restés sur place. Soulager le système de soutien installé en Europe et accueillir les réfugiés ».

Enfin, la communication et l’opinion doivent être renforcées. « On était tous Charlie et aujourd’hui, on a besoin que vous soyez tous ukrainiens. La victoire de l’Ukraine est importante pour tous les peuples qui mènent un combat démocratique contre les régimes autoritaires. Comme dirait notre président Zelenski « la vie vaincra la mort et la lumière vaincra l’obscurité. »

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