Le Club Consulting & Coaching HEC Alumni en partenariat avec le Club Transition poursuit son cycle FUTUR(S) avec le magazine Pour la Science et son dernier hors-série consacré à l’Intelligence Artificielle.

Dans le prolongement du conseil d’Anne-Laure Sellier dans son podcast, que vous avez été des centaines à écouter depuis début juin, plongeons-nous dans la lecture, à commencer par la littérature scientifique.

Pour La Science offre un terrain de jeu passionnant et son rédacteur en chef adjoint Loic Mangin – que nous remercions vivement – nous a permis de reproduire son édito ainsi que l’interview passionnante de Serge Abiteboul, directeur de recherche à l’Inria et à l’ENS Paris, extraits de leur dernier hors-série « Jusqu’où ira l’IA ? « 

Dans son édito « La bêtise artificielle », Loic Mangin pose des questions essentielles et propose des conseils tirés du podcast « Le Code a Changé » avec Milad Doueihi (« Pour un internet bête – une critique de l’intelligence en informatique », Radio France, 31/01/2022) pour « améliorer aussi bien les machines que notre cohabitation avec elles » :
– « introduire des mécanismes d’oubli pour que les programmes se concentrent sur l’essentiel »
– « s’inspirer des enfants « , notamment de leurs capacités autant que leur soif d’apprendre
– et « réintroduire un peu de « bêtise » dans ces machines pour qu’elle nous laissent une marge de liberté« .

L’interview de Serge Abiteboul amène ensuite avec humour et finesse plusieurs thèmes centraux comme l’écologie, le travail ou … l’intelligence :

– « Il y a deux questions qui me semblent particulièrement critiques en ce moment, et elles sont liées: c’est la sobriété énergétique et le travail. Selon les sources, le numérique représenterait aujourd’hui de 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, et cela croît. Je ne sais pas chiffrer la proportion de l’intelligence artificielle dedans. Ce n’est pas énorme, mais cela augmente aussi. Pour limiter notre impact sur l’environnement, il va nous falloir changer nos modes de vie, par exemple arrêter de changer de téléphone tous les deux ans ou de passer du temps à visionner des films en haute résolution sur un téléphone cellulaire. Il y a beaucoup de gaspillage, comme avec les « chaînes de blocs » (blockchains), ces procédés de stockage sécurisés et décentralisés, qui pourraient fonctionner en consommant plusieurs ordres de grandeur d’énergie en moins pour le même résultat. Dans le numérique comme pour le reste, il va nous falloir apprendre à être frugaux. »
> Parmi les nombreux articles passionnants du HS, celui intitulé « s’inspirer du cerveau pour mieux l’imiter ; côté économie d’énergie, notre matière gris est un modèle » offre des pistes passionnantes à cet endroit, comme le soulignent ses premières lignes « En termes d’énergie, le cerveau est beaucoup plus efficace que les ordinateurs actuels pour mémoriser, calculer ou apprendre. Est-il possible de s’inspirer de cet organe pour concevoir des dispositifs plus performants ? Oui, en s’appuyant sur le spin des électrons… »

– Serge Abiteboul continue sur l’emploi : « L’ensemble de la technologie numérique a une incidence sur l’emploi, pas seulement l’intelligence artificielle. Aujourd’hui, on peut faire fonctionner une usine avec très peu d’individus grâce à l’informatique en général. Il est vrai qu’avec l’intelligence artificielle on va aller encore plus loin dans le remplacement de l’humain. Après sa force physique, son travail intellectuel devient de plus en plus remplaçable. Le hiatus est qu’on veut une société plus sobre énergétiquement, qui produise et pollue moins, et qu’on veut aussi moins travailler, donc utiliser plus de machines. Or il faut de l’énergie pour fabriquer les machines et elles ont des rendements souvent moins bons que les nôtres. Pour y arriver, de sérieuses avancées scientifiques et d’importantes mesures d’économie seront nécessaires. »
> La aussi, le HS touche un sujet emblatique de l’IA avec la conduite  dans son article « Itinéraire bis pour la voiture autonome ; Confier le volant à son auto ? Ce n’est pas encore pour demain. » avec un chapeau à-propos « Il y a quelques années, médias et constructeurs promettaient le déploiement généralisé des systèmes de conduite automatisés pour 2020. Nous y sommes. Et les voitures intelligentes, 100 % autonomes, se font attendre… »

Un des passages clés de l’interview du chercheur est le questionnement d’un fondement de l’IA, sa définition même : « … je ne sais pas définir l’intelligence humaine. En fait, j’ai un problème : je vous en parle, mais je ne sais pas trop ce qu’est l’intelligence artificielle ! L’expression fait fantasmer. Mais qu’est-ce qu’elle signifie? … Pour moi, c’est avant tout un buzzword, surtout utile pour récupérer des financements ou impressionner des amis. Le truc cool, aujourd’hui, n’est pas l’intelligence artificielle, mais l’apprentissage automatique qui vient compléter d’autres techniques essentielles de l’informatique. »

>> Découvrez son interview ci-dessous en PDF.

Bonne lecture, bel été et à bientôt pour de nouveaux partages.

Greg Le Roy, avec la complicité de Pascal Masson (Club Consulting & Coaching), ainsi qu’Adam Melki et Antoine Rabain (Club Transition)

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