L’année 2022 s’est achevée sur deux COP. Celle sur la biodiversité dite COP15 à Montréal en décembre dernier. Et, celle sur le climat dite COP 27 à Charm el-Cheikh. Au total le système n’a pas calé et, malgré les tensions géopolitiques de toutes natures, les deux haies ont été sautées. La communauté internationale a su trouver l’art (sans peut-être la manière) de sauter une fois de plus les obstacles.

Le verre est-il à moitié vide ? Et l’on pourra souligner à l’envie les manquements ou les refus d’obstacles et l’inévitable absence de quelque mécanisme coercitif que ce soit. Nous nous en remettons à la bonne volonté des participants et à des engagements et trajectoires à venir. Et nous avons appris la fragilité possible de cette bonne volonté exposée à la crise de l’énergie ou à l’envol de l’inflation par exemple.

Le verre est-il à moitié plein ?  On s’attachera alors au rappel des principes et des objectifs. Et à l’ambition nouvelle affichée au Canada de protéger 30% des terres et des mers d’ici 2030. Ou encore, à la confirmation des objectifs de l’Union Européenne en matière climatique.

La bonne nouvelle reste que le verre est là et qu’il y a de l’eau dedans. La nouveauté qui rend le futur encore incertain est que pour le remplir, un nouveau contrat international s’impose peu à peu. En Egypte comme au Canada, le message a été exprimé haut et clair : nous ne réussirons pas si nous ne posons pas de manière effective, réaliste et crédible, la question de la solidarité financière. Le Nord – ou plutôt l’Ouest d’ailleurs – n’imposera pas un haut niveau d’ambition seul. Il doit d’abord être exemplaire à domicile mais il ne peut plus méconnaitre ses responsabilités internationales. Une forme de dette implicite devient explicite. C’est bien cette reconnaissance qui est en particulier derrière l’idée des deux fonds acceptés dans la dernière ligne droite des deux COP, celui pour les pertes et dommages dont le principe a été reconnu en Egypte, et celui discuté au Canada qui devra être créé par le Fonds Mondial pour l’Environnement et être le réceptacle des contributions publiques et privées des économies avancées.

C’est un premier pas. Il est insuffisant. Les montants restent limités et ne sont pas garantis. Les 100Mds/an promis à Paris en 2015 et sur la table de Copenhague en 2009, n’ont pas encore été atteints. Mais le signal est fort. Et vient s’ajouter aux messages envoyés toute l’année parce qu’il est convenu d’appeler maintenant le « Global South » : nous souhaitons renégocier les termes des accords financiers mondiaux. Le message a pris forme depuis quelques années : de l’émergence ambiguë des BRICS aux votes de l’année 2022 sur la guerre en Ukraine les pays émergents et en développements montrent leur indépendance et sont demandeurs de relations véritablement partenariales. Le monde G7 auquel nous étions habitués, juste ébranlé par l’émergence du G20, doit se réinventer. Pour l’Europe et singulièrement pour un pays aux ambitions mondiales comme la France, le choc est rude. Les COP, après la pandémie et avec la guerre en Ukraine, nous poussent à travailler une nouvelle grammaire internationale : la question qui se pose à nous est la suivante et elle est difficile : voulons-nous subir cette évolution ou contribuer à son écriture ? Nous avons avec l’Afrique un champ pour innover sans égal. Clé pour le climat. Clé pour la biodiversité. Clé pour notre « planète commune ». À nous de jouer. Et vite.

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