« Je suis ému et étonné. » Le lauréat du Prix HEC de l’année 2021 n’a pas caché sa surprise en apprenant la décision. Pourtant, cet entrepreneur de 43 ans s’est particulièrement distingué l’année passée, à travers la fulgurante croissance de son entreprise Mirakl.

« J’ai la conviction que la révolution digitale va radicalement transformer les business models traditionnels et, plus largement, l’ensemble des organisations », confiait en 2012 Adrien Nussenbaum dans les pages du magazine HEC Stories. Ses passages par Paribas Investissement et par le cabinet de conseil Deloitte, où il est chargé d’accompagner les entreprises dans la transformation de leur activité, s’inscrivent dans cette ambition de réinventer les modèles économiques à l’ère du digital.
Mais Adrien est avant tout un entrepreneur passionné par le monde de la tech. En l’an 2000, à peine sorti d’HEC, il confonde All Instant, un service de messagerie instantanée. Six ans plus tard, c’est au tour de la marketplace de jeux vidéo SplitGames de voir le jour, grâce à la rencontre avec celui qui restera son complice et associé, Philippe Corrot.

Le miracle de la licorne

Fin 2008, Adrien Nussenbaum prend la direction de Fnac.com. Trois ans et demi durant lesquels il va faire du magasin la deuxième marketplace grand public du marché français et approfondir son expérience dans le domaine de la vente en ligne. Une expertise mise à profit en 2012, année à laquelle Adrien Nussenbaum et Philippe Corrot fondent Mirakl. L’entreprise propose des solutions logicielles, logistiques et marketing pour le développement de marketplaces. Et les demandes affluent. « Il existe un vivier important d’entreprises on line qui ne veulent pas se laisser damer le pion par Amazon ! », se réjouit Adrien. Engagée dans un cycle de croissance rapide, la société développe progressivement son offre à l’international : opérant dans une trentaine pays, elle ouvre des filiales au Royaume-Uni, en Allemagne et aux États-Unis. En trois ans, la start-up française devient même leader mondial.

En 2020, le projet prend une autre dimension. Au mois de septembre, Mirakl réalise une levée historique, la plus importante jamais menée sur le sol français : 255 millions d’euros. L’opération valorise à 1,5 milliard de dollars l’entreprise, qui devient ainsi la dixième licorne française. Adrien veut y voir l’effet de circonstances favorables : « Il y a un élément conjoncturel, lié au tournant vers le digital, qui nous est bénéfique. La concentration de capitaux est très forte sur ce segment. Et on a la chance d’avoir créé une entreprise avec des taux de croissance proche de 100 % annuels. La levée de fonds nous rend encore plus attractifs et nous aidera à recruter plus facilement des talents. » Le président de la République lui-même ne manque pas de souligner le succès de l’aventure entrepreneuriale, se fendant d’un tweet de félicitation : « Bravo à toutes les équipes de Mirakl qui font rayonner la French Tech » ! Des encouragements que les fondateurs reçoivent avec humilité. « On a pensé que les mots du Président étaient importants pour les équipes. Ça donne du sens à leur travail et à leur implication », estiment-ils.

Une fine fleur dans la french tech

L’intérêt des pouvoirs publics pour Mirakl ne date pas d’hier : la start-up, qui a reçu le label Next40 réservé à de jeunes entreprises françaises prometteuses soutenues par l’État, a mené le développement du site StopCovid19.fr lancé par le gouvernement. Car en dépit de son internationalisation rapide, Mirakl reste profondément ancrée dans l’écosystème français. « 100 % de nos développeurs sont basés en France. C’est un choix assumé sur la manière de développer les meilleures solutions pour nos clients. Sur nos 140 développeurs, 120 sont à Paris et 20, à Bordeaux », explique l’entrepreneur.
Avec 500 collaborateurs et le projet de recruter mille nouveaux salariés (dont 300 ingénieurs dans l’Hexagone) dans les trois prochaines années, Mirakl s’impose comme un modèle français de success story digitale.

Published by