LA RÉPONSE DEPUIS L’… ISRAËL

La première fois que j’ai entendu parler du Covid-19, j’étais en Ouganda, en déplacement professionnel. Grâce aux frontières fermées avec ses voisins directs, Israël a d’abord joui d’un certain isolement. Finalement, le pays a été pris par surprise par un pic épidémique. Les 9 et 10 mars 2020, la fête de Pourim a cristallisé toutes nos inquiétudes, à ma femme et moi.

En janvier dernier, j’ai reçu un message de la Caisse de couverture maladie m’autorisant à me faire vacciner gratuitement, non loin de chez moi. J’ai reçu ma première dose le samedi 3 février, un jour de shabbat. Comme Tel-Aviv est une ville laïque, il y avait du monde dans le centre, même lors de la journée sainte de shabbat. Lors de la vaccination, j’ai ressenti une douleur à l’épaule, mais pas d’effet secondaire. J’ai reçu la deuxième injection trois semaines plus tard. Étant dans la catégorie des 18-35 ans, j’étais parmi les derniers vaccinés de la population. Il faut savoir que le vaccin n’est pas une denrée rare ici, au contraire : on pouvait déjà venir dans les centres en fin de journée profiter des doses avant qu’elles ne soient perdues. je m’estime chanceux d’avoir pu être pris en charge aussi vite. Malheureusement, beaucoup de personnes sont réticentes à la vaccination. Les grands religieux doutent de son efficacité. Même dans mon cercle personnel, un de mes amis refuse le vaccin, car il a peur de rester paralysé. Mais le problème vient surtout des populations ultra-orthodoxes qui s’opposent à la vaccination, mais aussi aux mesures sanitaires.

Pour convaincre tout le monde de se faire vacciner, plusieurs dispositifs sont mis en place. Certaines entreprises octroient ainsi des bonus ou des jours de congés à leurs salariés fraîchement vaccinés. L’État réfléchit aussi à la création d’un « passeport » pour les personnes vaccinées. Ce bout de papier pourrait donner différents avantages, comme celui de pouvoir voyager par exemple. C’est une bonne idée selon moi, car cela apportera une gratification immédiate à ceux qui n’y voyaient pas d’intérêt. Juste avant les élections législatives de mars, on note à quel point « Bibi » [le surnom du premier ministre Benyamin Netanyahou, ndlr] fait preuve d’un grand volontarisme politique.

Certains ont l’impression d’être des cobayes vivants, ce qui n’est pas complètement faux. Israël est un pays-test, qui profite de cette occasion pour montrer qu’il est en avance, qu’il dispose de moyens et de technologies de pointe. Beaucoup d’articles de presse affirment d’ailleurs qu’un traitement contre le Covid-19 a été trouvé ici. Les Israéliens ont tendance à beaucoup s’auto-congratuler. Je préfère garder mes distances avec cet état d’esprit, même si je salue le fait que l’on soit certainement les premiers à retrouver une vie normale. J’ai pu rentrer en France pendant les fêtes, et j’ai le sentiment que les mesures y sont beaucoup plus débattues qu’en Israël. Le passeport vaccinal, par exemple, serait perçu comme liberticide par beaucoup de Français. En Israël, ce n’est pas du tout la cas, parce que, paradoxalement, la population est sous contrôle permanent. Le fait d’être observé par la police rend la chose moins taboue. Personnellement, je n’avais pas voyagé depuis un an. Je ne me suis pas fait vacciner pour me protéger du Covid, mais bien pour profiter le plus rapidement possible d’une vie normale. J’ai hâte de dîner avec des gens vaccinés et de ne plus avoir à respecter les gestes barrières. En plus, je viens de devenir père !

Simon Schwall (H.11) vaccination

SIMON SCHWALL (H.11) : fondateur d’Oko, start-up basée à Tel-Aviv, qui fournit une assurance automatisée aux agriculteurs en Afrique, Simon Schwall, 34 ans, voyageait beaucoup dans le cadre de son travail. Avant la pandémie, en tout cas. Désormais vacciné, l’entrepreneur pose un regard aiguisé sur la campagne de vaccination hyper efficace du Premier ministre Benyamin Netanyahou, à la stratégie électorale bien rodée.

 

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