Depuis un an, le secteur du tourisme est mis à mal par la crise sanitaire et les restrictions de déplacement. Pour David Allouch (H.95), créateur de Sail Tahiti, cette période est aussi celle où le tourisme doit se repenser, pour une offre de voyages plus responsables.

En 2008, je travaillais pour Lehman Brothers et, comme beaucoup d’autres, j’ai fait mes cartons lorsque la banque a fait faillite. La crise des subprimes m’a enseigné une chose : une entreprise, quelle qu’elle soit, doit faire passer l’intérêt général avant ses intérêts particuliers. Sinon, un jour ou l’autre, le château de cartes s’écroule. En 2016, j’ai créé Sail Tahiti, qui propose des voyages en voilier à travers la Polynésie. Pas vraiment par hasard : je suis passionné de voile depuis que j’ai 5 ans, et avoir étudié à HEC offre la chance de pouvoir transformer ses rêves d’enfants en business plans. Quand la crise sanitaire a éclaté, paradoxalement, la demande a augmenté, les constructeurs de voiliers avaient du mal à suivre… À force de compter les vagues d’épidémies, les gens ont eu envie de voir la mer ! Il faut dire aussi que les voyages que nous proposons sont d’un type particulier : traverser la Polynésie, cela ne s’envisage pas pour un week-end.C’est un voyage au long cours : ici, il y a 118 îles sur un territoire maritime aussi vaste que l’Europe.

Nos clients sont européens, américains, australiens ou néo-zélandais. Ce sont souvent des cadres dirigeants qui embarquent pour quelques mois, voire une année sabbatique, avec leur famille, les enfants suivant des cours à distance. Nos solutions s’adaptent au budget et au degré d’expérience de chacun : achat d’un catamaran neuf au départ de l’Europe ou des Antilles, achat d’un voilier d’occasion sur place ou location longue durée. Nous assurons la préparation, le conseil et l’assistance technique et nous proposons aussi une aide à la revente du bateau à la fin du voyage.Les archipels polynésiens sont prisés des adeptes de sport nautique, et particulièrement de kitesurf. Les plus beaux spots du monde se trouvent ici, parfois dans des criques qui ne sont accessibles que par la mer. Après tout, ce sont les Maoris qui ont inventé le surf…

« Envisager le tourisme comme une expérience de découverte réciproque »

La culture des Polynésiens se nourrit de nombreuses influences : maori, mais aussi asiatique, américaine, etc. Ils vivent dans une grande proximité avec la nature (les pêcheurs repèrent les bancs de poissons en observant le vol des oiseaux), et ont le sens du partage. Cette ouverture d’esprit est une chance, pour envisager le voyage comme une expérience de découverte réciproque, où l’on donne autant qu’on reçoit.Après cette crise sanitaire, l’attente d’un tourisme responsable sera sans doute encore renforcée. On connaît les dégâts causés par le tourisme de masse, tant sur l’environnement que sur les populations locales. Aux acteurs du secteur d’inventer une offre différente, de redonner au voyage toute sa valeur, de découverte du monde et des autres. Une conception peu compatible avec l’approche consumériste qui prévaut aujourd’hui.

David Allouch (H.95)

Après une première expérience en haute mer sur un bâtiment de recherche océanographique durant le service militaire, il obtient un MBA à l’université de Columbia et travaille pour Lehman Brothers à New York. En 2015, il crée Sail Tahiti pour partager sa passion de la voile et de la Polynésie.

Sail Tahiti

L’entreprise propose des voyages en voilier dans les archipels polynésiens. Loin des croisières classiques, contraintes par un itinéraire et un temps d’escale limité, Sail Tahiti promeut une approche du voyage libre et entièrement autonome.

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