Par un petit matin d’hiver, quand on arrive dans la rue de la Bûcherie, à deux pas de Notre-Dame, il n’est pas difficile dans ses recoins encore sombres de s’imaginer revenu au temps du Moyen Âge. Très vite, on tombe sur un bâtiment magnifique, déjà éclairé et superbement mis en valeur, qui nous rappelle que s’érigea ici la première faculté de médecine de Paris. Et qui se révèle à nouveau à nous, après des années de masquage complet par un bâti dégradé, grâce au programme « Réinventer Paris », au cabinet d’architecture Perrot et Richard et à la Compagnie de Phalsbourg. Ces derniers ont réussi à faire renaître le bâtiment historique tout en lui donnant un lustre inédit, au bénéfice de la plus belle des causes : la philanthropie. Une visite organisée par Dominique Mercier, un des membres de notre groupe, a permis à 20 d’entre nous d’avoir le privilège de visiter ce chantier en avant-première avant ouverture au public.

Le programme Réinventer Paris.

C’est au XVe siècle que le bâtiment originel est érigé rue de la Bûcherie pour y accueillir la première faculté de médecine de Paris. Un jardin de plantes médicinales et une chapelle complètent cet ensemble au fil du temps. Puis les constructions de plusieurs amphithéâtres se succèdent aux XVIIe et XVIIIe siècles, jusqu’au déménagement de la faculté rue de l’École de médecine en 1775. Les usages du bâtiment sont ensuite divers. Ils ont définitivement vocation de bureaux à partir de leur acquisition par la Ville de Paris, en 1896.En 2014, le programme Réinventer Paris fait appel aux promoteurs, investisseurs et concepteurs du monde entier pour candidater sur des projets urbains innovants destinés à 23 sites parisiens, propriétés de la Ville de Paris ou de ses partenaires (Paris-Habitat, CASVP, Semapa, Paris Batignolles Aménagement).Les lauréats, désignés début 2016, peuvent alors acheter ou louer les terrains pour y conduire des projets importants d’expérimentation urbaine. Pour l’hôtel de la Bûcherie, le défi lancé est celui de l’innovation dans un cadre patrimonial. C’est la foncière immobilière Compagnie de Phalsbourg qui gagne ce projet, et l’agence d’architecte Perrot et Richard qui conçoit et réalise la rénovation.

Le bâti et l’histoire.

Notre visite est commentée par l’architecte lui-même, Alain-Charles Perrot, architecte en chef des monuments historiques. Il est relayé par son collègue l’architecte Louis Portal. Plusieurs détails nous sont ainsi révélés. Le bâtiment a été surélevé au XVIIIe siècle. Ainsi les parties les plus anciennes sont le sous-sol et le rez-de-chaussée. La magnifique rotonde du XVIIIe est parfaitement conservée. Tandis que le reste du bâtiment, notamment pour des raisons de protection du monument historique, a été reconstruit dans les années 1910 « à la manière gothique ». « Nous n’aurions sûrement plus la liberté de reconstruire ainsi aujourd’hui, mais il faut avouer que cela nous a donné plus de liberté dans la rénovation, car le lieu avait déjà été plusieurs fois remodelé, précise Alain-Charles Perrot. Ce qui est intéressant, c’est de voir à quel point l’âme du lieu perdure néanmoins, malgré les démolitions, les modifications, les différences de niveau… » Louis Portal attire notre attention sur plusieurs points. On retient notamment le système innovant de chauffage et de ventilation du bâtiment, basé sur la géothermie et le réemploi des vitraux par un système de double vitrage conservant l’aspect d’origine tout en répondant aux contraintes énergétiques actuelles.

Un incubateur dédié à la philanthropie.

L’hôtel de la Bûcherie sera le premier incubateur de sociétés à but philanthropique en France, le Philanthrop-Lab. Vaste lieu d’accueil de rencontre et d’échanges entre mécènes, porteurs de projets, associations et bénévoles, il vise aussi à accroître l’attractivité de la philanthropie en France.

Dominique Mercier (M.83)

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