Les cumulards en politique jouissent d’une triste réputation, j’ai voulu vérifier que cela n’était pas le cas dans les affaires. Comme je suis touche à tout, avec des intérêts qui ne finissent pas de s’élargir, j’ai fait de la spécialisation un ennemi. Quitte à réinventer la roue de temps en temps, travers sûrement hérité d’une longue carrière dans le conseil en stratégie. En septembre 2004, fraîchement diplômé de l’École HEC (après des études en économie au Liban, mon pays d’origine), j’opte pour le conseil en stratégie au sein d’un grand cabinet international. Et c’est à ce moment de ma vie que s’arrête la « glande », que j’ai pratiquée avec beaucoup de finesse au lycée, à l’université et à HEC en cultivant l’art du bachotage. Je multiplie les missions, travaille dans plusieurs pays plus ou moins exotiques (la Belgique, par exemple) sur des sujets plutôt passionnants et diversifiés qui m’apprennent au final la valeur du travail et une certaine culture de l’excellence (ne plus bâcler, aller en profondeur, etc.). Pendant tout ce temps, je n’ai jamais lâché le Liban et ses querelles inextricables et contribué à fonder un parti politique tout en écrivant dans divers journaux et magazines en France et au Liban… En 2009, ma vie prend un nouveau tournant et j’accepte de diriger la campagne législative d’un grand parti libanais. Je prends donc congé de mon cabinet parisien et m’évertue pendant plus d’un an à former des machines électorales à grands coups de PowerPoint, technologie alors inédite dans les villages libanais ! Suite à cette expérience, je renoue avec le Liban, y cofonde une association pour la préservation des villages (Les Plus Beaux Villages du Liban) et finis par fonder, en 2014, le bureau de Beyrouth du cabinet de conseil qui m’a repêché à la sortie d’HEC, tout en poursuivant mes activités politiques « à feu doux ». En parallèle, je crée une petite boîte pour conseiller des entreprises locales et réaliser des transactions sur un marché de niche. Ça aurait pu s’arrêter là, mais c’était compter sans le dernier épisode ( jusque-là !) de la saga. Mars 2018, le PDG de la plus grande chaîne de télévision locale m’appelle. Il m’offre de présenter l’émission politique phare de la chaîne. J’hésite longuement et finis par accepter ce nouveau défi. Je perfectionne mon arabe, travaille mon langage corporel, crée un concept avec une équipe de pros et lance l’émission, très attendue, en mars 2019. J’ai choisi « 2030 » comme titre du programme pour signaler un renouveau et une réflexion prospective qui se font rares au Liban et dans la région. Cette carrière qui débute se nourrit de mes autres activités qui m’exposent à l’économie locale et mondiale et forment un tout assez synergétique… les petits ruisseaux font les grandes rivières !

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