Qui connaît aujourd’hui Jean-Gaspard Vence ? Un boulevard à Toulon et une rue à Marseille portent son nom mais peu nombreux, y compris parmi les historiens, sont ceux qui connaissent le parcours étonnant de ce capitaine corsaire devenu officier du Roi, puis amiral sous Bonaparte.

Le hasard de ma naissance a fait que, très tôt, j’ai entendu parler de ce marin, d’origine provençale, dont les exploits étaient rappelés de temps en temps, non sans une certaine fierté, lors des réunions de famille qui ont marqué mon enfance. Jean-Gaspard Vence est en effet l’arrière-grand-père d’Édith Dumas-Vence, mon arrière-grand-mère, qui s’est éteinte à près de 100 ans, six ans après ma naissance.
Mon intérêt pour Jean-Gaspard Vence aurait pu en rester là, si je n’avais découvert que cet ancêtre avait aussi raconté lui-même, dans un mémoire publié en 1787, les évènements marquants de sa jeunesse, ainsi que ses principaux faits d’armes comme officier de la Marine royale.
Ce récit autobiographique a rendu mon aïeul beaucoup plus vivant et plus proche et m’a convaincu de l’intérêt d’écrire un livre pour restituer au lecteur cette proximité, tout en faisant le lien, aussi souvent que possible, entre l’histoire de Jean-Gaspard Vence et la grande histoire de la Marine française.

Fils cadet d’un négociant et armateur marseillais, Jean-Gaspard Vence a gagné ses galons dans la marine marchande avant de devenir à 30 ans capitaine corsaire aux Antilles sous le pavillon des insurgés américains.
Dès la signature du traité d’alliance avec les États-Unis marquant le début des hostilités entre la France et l’Angleterre, il s’est engagé dans la Marine royale et a fait preuve d’une bravoure exceptionnelle lors de la prise de l’île de la Grenade et de la bataille de Savannah. Officier bleu subissant la jalousie des officiers nobles, il a dû quitter son emploi de capitaine de port à l’île de la Grenade à la fin de la guerre d’indépendance américaine et attendre la Révolution française pour réintégrer la marine militaire.

Après plusieurs actions d’éclat contre la Royal Navy, il fut promu contre-amiral en 1794, puis commandant des armes du port de Toulon, où il joua un rôle décisif dans la préparation de la campagne d’Égypte. Trois ans plus tard, il s’opposa à Bonaparte lorsque ce dernier projetait d’envahir l’Angleterre.
L’Histoire lui donnera raison puisque Bonaparte devenu empereur renonce définitivement à son projet de débarquement sur les côtes britanniques. Entretemps, Jean-Gaspard Vence aura quitté la Marine et mourra en 1808, entouré de l’affection de tous les siens, dans sa propriété de Vaulichères, près de Tonnerre dans l’Yonne.

Jean-Gaspard Vence a participé à certaines des plus grandes heures de gloire de la Marine sous Louis XVI, comme à ses heures les plus sombres sous la Révolution. Une chance hors du commun combinée à un sens aigu de ses responsabilités ont marqué son existence. Pour toutes ces raisons, il méritait qu’un livre raconte son histoire. Ce livre vient de paraître. J’espère qu’il aidera à faire connaître davantage la grande histoire de la Marine et de ses héros, trop souvent oubliés.

Jean-Gaspard Vence : corsaire, officier du roi et amiral, de Stéphane Meffre, aux éditions Librinova, 20,90 €

Image d’ouverture : L’entrée du port de Marseille en 1764.

Published by