Lorsqu’ils traversent des tempêtes, les navigateurs se replient et protègent leur navire comme leur équipage. Ils ne sont pas pour autant inactifs mais en profitent pour préparer l’après, tracer leur prochain cap. Pour Amandine Deslandes, Directeur Associé de Marsail, cette démarche doit aussi être celle des entreprises.

Que peuvent nous apprendre les navigateurs pour traverser la crise actuelle ?

La navigation à haut niveau est une crise permanente. Rien ne se passe jamais comme prévu, il y a toujours des aléas, toujours des tempêtes à traverser. Les navigateurs peuvent nous enseigner la manière d’y faire face. Leur approche, leur valeur cardinale, c’est l’humilité face aux éléments naturels. De la même manière, nous devons faire preuve d’humilité face à cette crise sanitaire. Leur enseignement est là : savoir faire le dos rond, se mettre en retrait, « ranger la toile », pour se préserver tout en anticipant la suite pour pouvoir renvoyer la toile fort quand la tempête sera terminée. La crise ne doit pas scléroser, bien au contraire ! D’ailleurs dans notre propre entreprise, pourtant impactée par la crise dans ses activités d’événementiel et de formation, nous n’avons eu de cesse d’investir depuis un an : recrutement d’alternants, refonte de notre site Internet, lancement d’un Podcast, etc. Je suis convaincue que notre capacité de rebond à l’issue de la crise en sera d’autant plus forte.

En quoi la voile de haut niveau est-elle une école de management ?

Dans une entreprise, par définition, on est « tous dans le même bateau » ! On doit veiller au grain, savoir tracer et suivre un cap si l’on dirige une équipe, décider souvent dans l’urgence etc. Le dirigeant est placé, comme le skipper, dans un environnement complexe, multifactoriel et incertain, où il doit analyser de multiples données, s’entourer des conseils d’experts mais finalement prendre des décisions stratégiques seul, en responsabilité.

Les navigateurs de haut niveau, de leur côté, sont aujourd’hui dans un univers très normé, dans une logique de performance poussée, de recherche-développement pointue. La voile de compétition est donc un levier pédagogique dans ces deux dimensions : à travers l’analogie bateau-entreprise, skipper-dirigeant, mais aussi à travers la recherche de haute performance.

Qu’est-ce qui différencie vos formations Sail’Up de l’offre actuelle sur le marché ?

Il ne s’agit pas seulement de sorties en mer ou d’un partage d’expérience avec un skipper professionnel mais des deux à la fois. C’est l’expérience en mer qui permet aux participants d’éprouver leur management en temps réel. Ils sont intégrés au sein d’un équipage sur un voilier pour réaliser des exercices spécifiques de navigation avec nos skippers professionnels qui les guident et explorent leurs limites. Ils sont donc en action et vivent des émotions fortes (peur, joie, colère, etc.) qui dopent leur capacité à intégrer les enseignements reçus.

Avez-vous élaboré des « business cases » autour de la voile ?

Oui, notre méthodologie ne se limite pas aux sorties en mer. Nous avons analysé les démarches des skippers en course au large et en avons tiré des méthodologies pour prendre des décisions, communiquer efficacement, gérer une crise, etc. Nous avons d’ailleurs commencé à développer un business game autour de cas réels de « crises » en mer (par exemple un chavirage durant une course) pour faire des simulations et mettre un groupe en situation. L’analogie avec ce que l’on peut vivre en entreprise est immédiate et les participants repartiront avec une véritable boîte à outils personnalisée, qu’ils pourront facilement et rapidement transposer sur le terrain.

Le fil conducteur du parcours atypique d’Amandine c’est, dit-elle, son envie de s’impliquer pour aider les autres. A 21 ans, elle prépare le concours d’entrée à L’Ecole Nationale de la Sécurité Sociale en parallèle de sa vie active, puis entame une carrière au sein de l’Urssaf des Bouches-du-Rhône en tant qu’adjointe au Directeur général, puis à la CPAM comme responsable des ressources humaines. Elle fait ensuite un passage de 3 ans en politique comme chef de cabinet du président de la métropole marseillaise. Après un burn-out, elle décide de reprendre ses études et enchaîne avec l’executive MBA de HEC Paris et envisage de rejoindre le privé. C’est finalement dans l’entreprenariat qu’elle trouve sa voie en rejoignant Marsail, créée par son compagnon Christopher Pratt, skipper professionnel.

Marsail

Initialement spécialisée dans l’événementiel nautique, Marsail a élargi son offre à des solutions d’accompagnement managérial pour les entreprises fondées sur l’expérience et les outils spécifiques de la course au large de très haut niveau.

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