S’associer avant de créer – Kevin Guez & Alexandre Malarewicz (H.17)
À l’inverse de beaucoup d’histoires d’entrepreneurs, tout n’a pas commencé autour d’une bière… Non, c’était plutôt un fil rouge d’un an et demi. Une idée qui s’est progressivement installée. D’abord sans que l’on en parle, puis en évoquant à demi-mot, avec prudence, un peu comme un couple qui se cherche et avance à petits pas, sans brusquer les choses. Puis la conversation est devenue concrète, plus affirmée. Enfin, un 3 octobre un peu venteux, après de longues discussions et avec un entrain certain, on s’est dit : « Oui, allons-y, montons une boîte ensemble ! ». Nous avons donc choisi d’entreprendre autour d’une équipe plutôt que d’un produit ! Avant cette déclaration, on avait passé deux jours entiers à se sonder en profondeur : notre vision de l’entrepreneuriat, nos valeurs, nos envies… Tout y est passé, de la répartition du capital à notre rapport au travail en passant par nos ressources financières et modes de management. Les secteurs de prédilection et d’éventuelles idées de produits super disruptifs ? Pas le sujet ! Ce qui comptait, c’était nous, notre association, notre complémentarité et notre envie de travailler ensemble. Et c’est ainsi que ce fameux 3 octobre, alors que l’on n’avait aucune idée de la boîte qu’on allait monter… on a décidé qu’on y allait ensemble.Mais comment construire un projet à partir d’une équipe ? Six mois plus tard, le temps de mettre de l’ordre dans nos affaires, on s’est retrouvés face à face dans un bureau.— Bon, bah… on y va ? – Oui ! Mais où ? S’est alors ouverte une période d’exploration. Pour commencer, on a sondé nos envies, les thèmes qui nous avaient le plus passionnés pendant nos (courtes) carrières. Puis après avoir progressivement convergé, on a approfondi en étudiant des secteurs et les problématiques associés. Rencontres avec des experts, journées plongées dans les bibliothèques de Paris à étudier des publications en tout genre, beaucoup de discussions à bâtons rompus… le seul point commun de nos journées était ce sentiment de commencer à distinguer un besoin, un marché, une offre pouvant répondre au problème que nous avions identifié. On n’était pas inquiets, convaincus depuis le premier jour que notre force résidait dans notre association. On avait assez parlé de nos envies profondes pour savoir qu’on allait trouver un terrain d’entente, un sujet commun. Trois mois plus tard, on a lancé Empowill, la première solution d’externalisation de la formation professionnelle à destination des start-up, PME et ETI. Notre volonté : éviter les pivots à répétition. « Pivoter » est devenu l’adage de toutes les start-up, presque élevé au rang de dogme : une start-up qui n’a pas pivoté une douzaine de fois ne peut pas avoir trouvé son marché… On a décidé de prendre le contre-pied de cette idée. En considérant que le pivot n’est pas une fatalité et qu’il peut être évité en plaçant la réflexion au cœur de notre stratégie. N’ayant pas d’idée préconçue, d’intuition à éprouver, l’essentiel de notre énergie était consacré à l’identification d’un problème, à la recherche d’un marché puis à la conception d’une solution. Ainsi, si notre offre s’est affinée et que de nombreux virages ont été réalisés, l’étude approfondie des enjeux d’un secteur nous a fait gagner un temps considérable. L’aventure est loin d’être terminée, et de très nombreuses surprises nous attendent. Cependant les derniers mois nous ont prouvé qu’il était possible d’entreprendre autrement : non pas en construisant un projet sur une idée, mais sur une association.
Kevin Guez & Alexandre Malarewicz (H.17)
Published by La rédaction