S-INTER est devenue en une décennie le n° 1 de la maintenance médicale pour le compte des constructeurs en France. Dans cet entretien, Marc Weill (E.04), son PDG, retrace les moments clés de l’entreprise qu’il a rachetée en LBO en 2007 ainsi que les principaux défis auxquels il a été confronté.

Vous dirigez S-Inter depuis 2007. Quels sont les moments clés qu’a connus l’entreprise depuis votre rachat ?

S-Inter est spécialisée dans la maintenance et la réparation de dispositifs médicaux pour le compte des constructeurs. L’entreprise est devenue, en 10 ans, le n° 1 français dans ce modèle économique. Aujourd’hui, S-Inter compte près de 80 collaborateurs, dont un réseau de 45 techniciens répartis sur tout le territoire français et en Belgique. Ils interviennent dans les hôpitaux, cliniques et laboratoires d’analyses médicales. S-Inter, c’est aussi 2 ateliers : un atelier de reconditionnement et de réparation de 9 techniciens à Vendin-le-Vieil (62), et un centre technique et logistique à Paris Nord II. Pour répondre à votre question : depuis sa création, l’entreprise a beaucoup évolué. Fondée en 1980, S-Inter faisait, à l’origine, de la réparation télécom en atelier. Je l’ai rachetée en 2007, en association avec Jean-Claude Charles, alors directeur général de l’entreprise, accompagnés par le fond Lillois IRD/CNPDC. Ma vision à la reprise de S-Inter était claire : recentrer la société sur l’activité de service après-vente médicale. À l’époque, le SAV médical ne représentait que 50 % du chiffre d’affaires. Nous avons depuis la reprise, complètement transformé l’entreprise :

– En 2009, nous avons cédé l’activité de réparation électronique industrielle.

– En 2012, nous avons cédé l’activité de réparation d’appareils photos, qui représentait pourtant 1 M€.

– En 2015, nous avons acquis la société GST, qui faisait le même métier que nous en imagerie médicale.

– En 2019, nous sommes certifiés ISO 13485 (La norme ISO médicale), pour répondre aux exigences du système de management de la qualité dans l’industrie des dispositifs médicaux (sachant que nous étions ISO 9001 depuis 1996).

– En 2020, nous avons lancé une nouvelle activité de service complémentaire : « l’Application en biologie médicale », à la demande de nos clients partenaires.

En 13 ans, nous sommes passés de 5 clients constructeurs médicaux en 2007, à environ 40 aujourd’hui. S-Inter a développé un modèle économique singulier sur 3 niveaux :

– Nous travaillons exclusivement pour le compte des constructeurs médicaux, qui externalisent une partie de leurs services, cette part externalisée augmente chaque année.

– De plus, tous les techniciens sont formés par les constructeurs. Nos prestations sont une véritable extension des services des constructeurs, reproduisant à la lettre chacun de leur processus.

– Enfin, nous n’entretenons aucune relation commerciale avec les clients finaux (hôpitaux, cliniques, laboratoires).

Pour donner des exemples concrets : nous faisons aussi bien de la gestion technique d’un parc d’échographes que de la maintenance de CT Scanner. Nous assistons nos clients dans l’installation de chaîne d’immunologie, ou faisons la maintenance et la réparation d’automates de bactériologie Nous savons aussi répondu au pied levé à une demande de mise à jour, à faire en urgence sur toute la France…

Comment concevez-vous le rôle et les fonctions d’un PDG ?

Comme un chef d’orchestre et comme quelqu’un qui écoute beaucoup. Lors de mon arrivée à la tête de S-Inter, ma feuille de route était claire : recentrer l’entreprise sur le SAV médical et remotiver les équipes en créant une dynamique d’entreprise de service de haut niveau. Nous avons deux axes opérationnels importants : le système d’information et la qualité, qui sont à eux deux la colonne vertébrale de l’entreprise. En effet, seul un système d’information performant nous permet de nous adapter aux exigences extrêmes de nos clients constructeurs, et d’optimiser notre activité. De même notre certification ISO 13485 (en plus de la 9001) est indispensable pour répondre aux exigences des marchés médicaux. Le troisième facteur clé de succès est d’être une entreprise flexible et agile. Grâce à ces atouts, nous sommes parmi les rares sociétés de services capables de répondre aux exigences des grands constructeurs médicaux. Dans cette niche d’externalisation de SAV médical, nous sommes le numéro un en France.

Quels sont les défis auxquels vous avez été confronté depuis que vous êtes à la tête de S-Inter ?

À mon arrivée, j’ai trouvé une entreprise meurtrie sur le plan humain. Nous avons, avec Jean-Claude Charles, directeur général et associé, travaillé à changer l’état d’esprit de l’entreprise, à motiver et fédérer les équipes, ainsi qu’à faire du « travail de groupe » notre mode de fonctionnement. Le rachat de GST (société de 15 personnes) faisant le même métier que S-Inter en imagerie médicale) fut aussi un challenge que nous avons réussi, en intégrant des collaborateurs plus âgés venant d’une culture d’entreprise différente. Enfin, le démarrage récent (2020) de notre activité d’Ingénieurs d’Application en Biologie Médicale : un nouveau métier avec une équipe de biologistes et non plus de techniciens, est un nouveau challenge que nous sommes en passe de réussir.

Une crise est un événement qui impacte directement les dirigeants et le management d’une entreprise. Comment avez-vous fait face à cette situation inédite, d’autant plus que vous accompagnez les acteurs de la santé ?

Nous avons continué à fonctionner pendant la période de confinement, certes au ralenti en mars-avril, et avons continué à traiter les urgences de nos clients en phase de crise. Dès le mois de mai, nous avons fait face à une forte recrudescence des demandes. Le challenge alors, était d’avoir une disponibilité maximale pour nos clients.Depuis, la charge est excellente, la difficulté reste le recrutement. La crise de la Covid a représenté à la fois un défi et une opportunité, mais nous avons la chance d’être une entreprise digitale et agile sur un marché en forte croissance.

Avec le recul, quels sont les atouts de la formation que vous avez suivie à HEC ? Vous a-t-elle préparé à endosser les fonctions que vous exercez aujourd’hui ?

Dans mon cas, ce fut décisif. En effet, j’avais fait la « pratique » avant la « théorie », en créant de zéro et gérant une petite entreprise de 15 personnes. Grâce à HEC, j’ai acquis les bonnes pratiques du management mais aussi une façon d’aborder les problèmes. Cette formation m’a permis de réussir cette acquisition, et de savoir très vite ce qu’il fallait faire en arrivant aux commandes de l’entreprise. Il y a plein de points et de situations que j’ai vus à HEC, qui le moment venu, me permettent d’avoir les bons réflexes. J’ai retenu une maxime, que l’on m’a enseignée, et qui est devenue l’un de mes mantras : « ayez une stratégie claire et sachez la communiquer ».

L’entrepreneuriat est une piste de carrière largement plébiscitée par les diplômés de grandes écoles comme HEC. Quels conseils pourriez-vous leur donner ?

Si vous avez une bonne idée, foncez ! Les outils qu’on vous donne à HEC sont excellents pour créer ou reprendre une entreprise. Le plus délicat ce n’est ni la finance, ni la technique ni le commerce, c’est l’humain ! C’est aussi le plus enrichissant.

 

Marc Weill (E.04) est diplômé de l’École Polytechnique de Lausanne (EPFL), Il a créé une entreprise d’informatique en 1994, cédée en 2003. Après cette première expérience d’entrepreneur, il a suivi l’EMBA d’HEC en 2004, où il a acquis les bonnes pratiques de la direction d’entreprise. EN 2007, il a repris S-Inter en LBO, accompagné du fond lillois IRD.

S-INTER réalise des prestations de maintenance préventive, curative et installation sur le terrain, de réparation et reconditionnement en atelier, pour le compte de grands constructeurs médicaux (Siemens, Philips, GE, Canon, Biomerieux, Abbott, Roche…). Nos domaines d’activité sont le diagnostic in vitro, l’imagerie médicale et les dispositifs médicaux.

 

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