Après un parcours dans une grande entreprise, vous souhaitez reprendre une affaire? Le contexte est porteur: de nombreux patrons arrivent à l’âge de passer la main. Entre 20 et 30 % des PME et TPE des secteurs de l’industrie et des services seront à céder au cours des prochaines années. Bernard Fraoli (H.70) explique comment amorcer les démarches.

Mûrissez votre projet

Avant de vous lancer dans l’aventure de la reprise, vérifiez quelques points clefs. Soyez lucide sur vos forces et vos faiblesses : un chef d’entreprise doit être capable d’assumer le risque, de supporter le stress et avoir une âme de manager. Si vous n’avez pas ce type de profil, mieux vaut ne pas vous engager sur cette voie. Donnez ensuite un cadre précis à votre recherche, en déterminant les secteurs d’activité qui correspondent le mieux à vos connaissances, expertises et savoir-faire. Enfin, consultez votre famille. En effet, devenir patron est un engagement très fort, qui a un impact sur de multiples aspects de votre vie personnelle : l’organisation de votre temps, votre lieu de résidence (nécessité de déménager), etc. Vos proches seront eux aussi embarqués dans ce projet : il est nécessaire d’obtenir leur consentement éclairé avant d’avancer.

Donnez-vous les moyens

Reprendre ne s’improvise pas : vous ne pouvez pas vous lancer sans connaître les règles du jeu et savoir comment chercher, négocier et valoriser correctement une affaire. Informez-vous et formez-vous. Vous pouvez notamment suivre les formations à la reprise proposées par les CCI de Paris Ile-de-France et d’autres régions (sur cinq jours) ou celle du CRA (trois semaines). Ne restez pas isolé pendant votre phase de recherche et de négociation : constituez autour de vous une solide équipe de pros (un expert-comptable, un avocat fiscaliste, etc.) et faites-vous accompagner par un délégué du CRA, un coach ou un mentor expérimenté. Financièrement, reprendre une TPE-PME signifie mettre sur la table un apport personnel et lever des fonds dans le cadre d’un LBO. À titre d’exemple, 65 % des adhérents du CRA investissent entre 100 000 et 500 000 euros et 15 % au-delà de 500 000euros. À noter que les prêts bancaires représentent en moyenne deux fois l’apport : si vous investissez 400 000 euros, auxquels s’ajoutent 100 000euros de prêts d’honneur et d’aides diverses, les banques vous suivront en général à hauteur d’environ 1 million.

Investissez-vous pleinement

Rechercher une entreprise à reprendre est un travail à temps plein. Il faut notamment penser à ausculter le « marché caché » : les meilleures affaires ne sont pas forcément officiellement en vente. La recherche est donc peu compatible avec l’exercice d’un job prenant en parallèle. Si vous êtes déterminé à reprendre, tâchez de négocier un départ avec votre entreprise. Une reprise prend au minimum un an (si vous avez de la chance), plus fréquemment dix-huit mois, voire deux ans. Montrez-vous résilient : face à une belle opportunité, vous aurez de la concurrence. Il n’est pas rare d’envoyer une lettre d’intention après plusieurs mois de recherche et de tractations, pour finalement ne pas être choisi. Il s’agit alors de rebondir sans se décourager. Malgré les difficultés, le jeu en vaut la chandelle : beaucoup de reprises sont des réussites gratifiantes, tant sur le plan personnel que patrimonial.

Bernard Fraioli (H.70)

Après une carrière dans la grande distribution, il a rejoint le CRA (Cédants et Repreneurs d’Affaires), dont il est président depuis trois ans. Cette association à but non lucratif est animée par 240 délégués bénévoles, tous anciens dirigeants et patrons, et elle accompagne chaque année 1 200 repreneurs et 600 cédants.

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