“Peut-être Nadia” sur scène

A Paris, une pièce de théâtre coécrite par Anne-Sophie Mercier (H.86) évoque le parcours de l’athlète Nadia Comaneci. Du 12 au 30 mars 2025 au théâtre de La Reine Blanche.
On la connaissait journaliste d’investigation (au Canard enchainé, au Monde ou sur Arte…). On la savait aussi biographe, elle a notamment publié des récits de la vie de Michel Piccoli et de Serge Reggiani. Anne-Sophie Mercier (HEC 86) est désormais aussi dramaturge. Peut-être Nadia, sa pièce coécrite avec Pascal Reverte, est présentée au théâtre La Reine Blanche, dans le 18e arrondissement de Paris, du 12 au 30 mars 2025.
En explorant le destin de Nadia Comaneci, enfant championne roumaine d’athlétisme au cœur de la guerre froide, la pièce interroge le rapport au corps, sa portée symbolique et son pouvoir d’asservissement.
Jeux olympiques, Montréal, 1976. Nadia Comaneci, 14 ans, est la première gymnaste à obtenir la note de 10. Son corps, livré en Mondovision, ne lui appartient plus.
Comment vieillir après être devenu le symbole de la perfection ? Sur le plateau, cinq protagonistes traversé·e·s par les figures intimes et historiques de la vie de Comaneci recomposent la mémoire d’une Nadia devenue étrangère à elle-même, perdue dans le chaos idéologique de la fin du XXe siècle. Cette biographie fantasmée abroge le réel et le temps. En contredisant les lois élémentaires de la physique, en proposant un mouvement aux barres asymétriques qui l’affranchit de sa condition humaine, Nadia aurait bouleversé l’équilibre du monde. C’est bien plus que du sport.
Le corps de Nadia est politique, il raconte la fin d’un siècle où l’on a cru que le corps des femmes se libérerait, où l’on n’aurait jamais cru que le bloc de l’Est puisse se libérer, où l’on n’a pas voulu voir à quel point le libéralisme s’était libéré.
J’ai tellement rêvé d’être Nadia Comaneci. Par où commencer ? Toutes les vies ne commencent pas à la naissance. Certaines commencent aux Jeux olympiques. À Montréal. Où pour la première fois, une gymnaste obtient la note parfaite : dix. Voilà. Que dire d’autre ? Un jour, je vais vieillir. Il restera quelques vidéos, des photographies. Les souvenirs ne sont pas des preuves fiables de notre passé. Il restera le corps de l’enfant que je fus dans mon corps vieilli. Il restera les doutes et les questions. Les sensations, les odeurs, les visages. Peut-être. Les voix aussi. Il restera les fragments désordonnés de mémoire. Par bouffées. Une musique aussi. Il restera les ombres d’un passé qui ne m’appartiendra plus.Peut-être. On passe la moitié de notre vie à parler et l’autre à expliquer ce que l’on a voulu dire. Il n’y a jamais de repos. Je recommence. Je recommence. En américain. En roumain. Je recommence.

Couverture du Time : © John G. Zimmerman.
par Serge Cometti (H.86)

Published by La rédaction