Ce mardi 23 avril, l’entrepreneure et podcasteuse à succès Pauline Laigneau est venue partager son expérience devant une centaine de diplômés au sein de l’association HEC Alumni pendant la soirée annuelle de HEC Life Project. Morceaux choisis.

Fondatrice de Gemmyo, également à la tête d’un service de formations nommé Demian, Pauline Laigneau s’est fait connaître du grand public avec son podcast motivationnel, en tête des plus écoutés en France dans la catégorie business. Diplômée de Normale Sup, fille d’une mère esthète et d’un père entrepreneur, son parcours, ponctué de remises en question, n’est pas linéaire. Fraîchement arrivée de Suisse, où cette Parisienne d’origine vit désormais, Pauline Laigneau a pris place, ce mardi soir, devant un parterre de diplômés HEC. Au cœur de leurs préoccupations : trouver sa voie, affronter ses problèmes de légitimité, contourner ses peurs… À travers son expérience personnelle, Pauline Laigneau a répondu point par point.

 

Trouver une légitimité quand le parcours académique ne colle pas

« Avec Gemmyo, j’ai longtemps été complexée, je ne me voyais pas légitime pour dessiner des produits. La bonne nouvelle, c’est que je n’ai pas eu le choix. De la contrainte est née la créativité.  Une amie, la seule personne que je connaissais dans le monde de la gémmologie, a accepté de réaliser quelques dessins pour nous. Puis je suis allée glaner quelques idées sur Internet et j’ai discuté avec des ateliers qui nous ont aidé à transformer ces premières esquisses en idées techniques. J’ai réalisé que je m’étais créé un cadre : parce que je voulais être business, ce n’était pas possible d’être aussi artistique. Un syndrome de la bonne élève, à vouloir me mettre dans une case. Aujourd’hui, je continue à valider tous les produits Gemmyo, j’en dessine certains. Je ne suis pas dessinatrice de formation, donc mes dessins sont infâmes [rires]. Mais ce n’est pas grave, il suffit d’avoir une bonne idée. »

Visualiser ses rêves

« Je recommande de faire un exercice de visualisation de votre ‘grand rêve’. Il faut déjà se mettre dans une condition d’apaisement, sans essayer de rationaliser. L’erreur c’est d’essayer de cocher les cases. Or, c’est beaucoup de ressenti. Un jour, j’ai fermé les yeux et essayé d’imaginer quelle serait ma journée de rêve dans les dix prochaines années. Ça ressemble à quoi? Est-ce qu’il y a des odeurs? Des bruits particuliers? Qui est la personne à côté de vous? Est-ce un lac, par la fenêtre? J’imagine une journée totalement lambda mais qui me rendrait parfaitement heureuse. Je ne me suis pas vu vivre à Paris, j’étais toujours mariée avec le même homme, j’avais plusieurs entreprises et je passais d’un bureau à un autre. »

Surmonter les épreuves

« Il n’y a pas de succès facile. Et quand on donne l’impression d’un succès, il y a 150 000 problèmes à gérer. Qu’est-ce qui fait qu’on n’arrête pas? J’ai été éduquée par des parents un peu fous, mais qui m’ont appris la valeur du travail, de l’effort. Quand vous corrélez le travail et l’effort au succès, vous vous donnez les moyens de réussir. Aussi, je me dis que je n’ai pas deux ans pour créer mon propre succès, je le fais à l’échelle de 10, 15, 20 ans. J’accepte de me dire que ça va être le projet de ma vie. J’en ai pour peut-être 40-50 ans, je le fais à mon rythme. »

 

CV linéaire : entre rationnel et liberté

« À HEC, j’ai eu beaucoup de mal à trouver un stage. Les gens me disaient: ‘Vous êtes surqualifiée !’ Étant donné que j’avais fait Normale Sup, ils se disaient aussi que je ne savais faire que des dissertations. J’ai fini par envoyer des candidatures spontanées à des start-ups en leur disant  : ‘Ne me payez pas, je veux apprendre, je me mets à votre service, qu’il faille sortir les poubelles ou conduire un camion!’ Ce que j’ai fini par faire, d’ailleurs. Osez aller voir des plus petites boîtes, proposez-leur vos services. Malheureusement, les recruteurs – et je peux parfois tomber dans ce vice – ont une fiche de poste bien précise, et c’est plus facile de remplir des critères. Mais ce n’est pas très intéressant, ce n’est pas comme ça que l’on fait de belles rencontres. Avoir un CV alambiqué, cela peut être une force. »

Rester cohérent

« Il faut s’entourer de personnes qui osent vous dire la vérité. L’honnêteté intellectuelle est une qualité qui ne se trouve pas partout. Cela aide d’avoir des personnes autour de soi qui vous remettent un peu dans le droit chemin quand vous commencez à perdre en cohérence. Et puis, il y a une règle importante dans la vie : dire ce qu’on fait et faire ce qu’on dit. Le devoir d’exemplarité est très important pour moi. Rien n’est pire que de demander aux autres de bosser comme des fous, et de ne rien foutre soi-même. C’est terrible en termes de leadership. »

Conseil aux jeunes

« Ne pas trop écouter les conseils des autres, et ne pas essayer de faire plaisir. Il faut davantage essayer de se comprendre. J’ai été dans cette phase d’essayer de cocher la bonne case, pour avoir le bon job. Mais je sentais bien que je ne rentrais pas dans ces cases, et cet écart m’a fait souffrir. Foncer sur mon chemin, ça me convient. J’aurais peut-être pu gagner plus d’argent, avoir beaucoup plus de succès… Mais finalement, fermer ces portes, c’est aussi ça qui rend plus heureux. N’écoutez absolument pas mes conseils ce soir ! Ça n’a aucun sens, tracez votre route ! »

 

Photos: ©Guillaume Maimone

 

HEC Life Project est un service de HEC Alumni qui offre aux diplômés une large gamme de ressources pour leur développement professionnel :  soutien individuel, ateliers en groupe, coaching, mentorat, conférences, tableaux d’offres d’emploi et formations continues… Chaque année, HEC Life Project accompagne plus de 1 500 personnes et organise plus de 100 événements.

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