Alors qu’il était encore étudiant à HEC, Honoré Bayzelon (H.18) a lancé Orthographiq, une edtech spécialisée dans la maîtrise du français. La plateforme propose aux adultes un programme pour mieux maîtriser l’expression écrite en français et compte déjà plus de 500 clients. Rencontre avec le fondateur.

Comment est née l’idée d’Orthographiq ?

Honoré Bayzelon : Pendant mes études, je me suis rapproché de l’un de mes professeurs Guillaume Le Dieu de Ville, fondateur de Lingueo, le leader français de l’enseignement des langues en ligne. J’ai travaillé dans l’insertion professionnelle en milieu du carcéral, j’ai donné des cours, je m’intéresse beaucoup aux langues… L’orthographe et la maîtrise de la langue m’ont toujours tenu à cœur. Or une mauvaise maîtrise du français peut être un énorme frein, voire un obstacle, quand on cherche un emploi. J’ai donc eu l’idée de créer une start-up sur cette thématique. En même temps j’adorais que ça puisse potentiellement concerner 60 millions de personnes. Aujourd’hui, la plate-forme Orthographiq propose plusieurs modules de formation. On peut se former directement sur l’application, sur le site, ou décider d’en faire une formation professionnelle.

Quand avez-vous lancé Orthographiq ?

Le premier jour du confinement ! Et on a commencé avec des entreprises comme Disney, BNP, Boulanger, et plus récemment les services de plusieurs ministères nous ont rejoints. On a créé à l’origine Orthographiq – qui n’est rien de plus qu’une application de remise à niveau du français à l’écrit –, avec une vision assez claire : la maîtrise du français constitue une difficulté pour beaucoup, et au moment du confinement, les écrits ont explosé. Avec le télétravail, on s’est mis davantage à écrire, des e-mails, des messages instantanés… Et si l’écrit était has-been en 2020, je suis persuadé que d’ici quelques années, avec le marketing, se former à l’écrit, deviendra assez banal. Au début, on a déployé notre start-up auprès des entreprises parce que c’est là que le besoin était le plus important. Et il y avait des moyens.

Vous avez depuis élargi votre offre aux particuliers ?

Oui, désormais, on forme tout le monde. Dès le début, la demande était importante et on a été contraints de refuser, car c’était compliqué à gérer, puis on a fini par céder. Les particuliers s’inscrivent pour d’autres raisons. Ils n’ont pas forcément envie de passer par leur employeur pour formuler leur demande, pas crainte d’être stigmatisé.

Quel est le profil de vos clients ?

On s’adresse seulement à des adultes. Beaucoup d’adultes n’ont pas envie de se former avec la même solution que leurs enfants. Le but est de déstigmatiser : si tu te formes sur le même cahier de la classe que tes enfants, cela peut devenir démotivant. Mais nous avons aussi des jeunes de 22 ans, mais certains de nos clients sont âgés de 60 ans. C’est souvent des motivations professionnelles qui les pousse à vouloir mieux maîtriser la langue. Plus généralement, on a trois catégories de personnes sur la plateforme. Les anciens cancres à l’école pour qui la vie professionnelle est une seconde chance. Ils se retrouvent directeur commercial ou directeur de relations clients grâce à leur expérience professionnelle et non pas grâce à leur diplôme, ce qui crée un déséquilibre. Ils rencontrent alors des difficultés à écrire correctement en français et passent leur journée à faire relire leurs mails à leur partenaire ou à leurs collègues, et ils ont toujours peur de ça. Le deuxième profil correspond à des personnes qui sont plus dans la norme, mais se sentent jugées sur leurs écrits. Typiquement, certains disent : « Moi, j’ai un nom à consonance étrangère, et quand je fais une faute d’orthographe, on ne se dit pas que j’ai fait une erreur d’étourderie, mais que c’est parce que je suis étranger. » Enfin, nous répondons aussi à des besoins liés à l’évolution professionnelle. Certaines entreprises ont besoin de former leurs collaborateurs sur des thématiques transverses, comme des outils de bureautique, par exemple. Le français écrit est un de ces outils. D’autres ont une volonté d’intégration et souhaitent montrer que l’entreprise participe aussi au développement des salariés sur d’autres thématiques. En ce moment, on travaille sur la formation des chauffeurs et des livreurs Uber. Ce ne sont pas des métiers que l’on garde très longtemps. L’entreprise l’a compris et aide ces collaborateurs à préparer l’après.

Qui sont les formateurs ?

Nous avons sélectionné nos professeurs à partir de Lingueo. Ils dispensent leurs cours et on reçoit des notes en retour. Ce qui nous permet de faire une seconde sélection.

Y a-t-il une certification à la fin de la formation Orthographiq ?

Oui, on propose à la fin de la formation de passer un examen, le certificat Le Robert. C’est une épreuve passée dans un centre La Poste, exactement comme le code pour le permis de conduire. On a donc une rubrique d’informations sur la préparation du Robert sur la plateforme. En 2023, Orthographiq se lance dans un nouveau projet, avec la création d’un examen de français équivalent au TOEIC pour la langue anglaise : le « Code du français écrit ». Je suis assez fier d’avoir réussi à construire une boîte qui a de l’impact : à la fin, ce que l’on regarde, c’est à quel point on a aidé des gens à évoluer dans leur projet professionnel !

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