Dans le théâtre de la vie, les enchaînements de circonstances tissent des fils invisibles entre nos actions et leurs conséquences. Chaque choix, aussi insignifiant soit-il, peut engendrer une multitude d’événements imprévus.

Je suis à une intersection. Je décide d’aller à droite plutôt qu’à gauche. Simple à prendre, cette décision peut sembler anodine. Pourtant, à ce moment-là, je ne réalise pas l’impact de ce choix. En effet, chaque pas réalisé dans la direction choisie peut créer des opportunités inédites et déclencher des événements surprenants.
Je fais une rencontre fortuite lors d’un voyage. Cette situation peut éventuellement conduire à une amitié durable, à une collaboration professionnelle fructueuse, voire à une romance inattendue.
Je prends une décision professionnelle en apparence mineure, qui ouvre, par la suite, la voie à une carrière dans un domaine que je n’avais pas envisagé.
Nous avons toutes et tous vécu, à un moment donné, ce type d’enchaînement de circonstances.

La circonstance la plus surprenante que j’ai vécue, est celle qui, d’étape en étape, m’a entraîné à la Comédie-Française.
De prime abord, travaillant dans un grand groupe pharmaceutique, rien ne me permettait d’envisager un jour que je travaillerai à l’adaptation d’une pièce de théâtre jouée à la Comédie-Française. Et pourtant, un simple don d’une édition originale de L’Aiglon d’Edmond Rostand à la Fondation Napoléon est à l’origine de cette situation.
Passionné par l’œuvre d’Edmond Rostand, je collectionne tout ce qui est un lien avec le dramaturge. Souhaitant faire de cette collection un patrimoine commun, je fais un don à la Fondation Napoléon. À cette occasion, je rencontre son directeur général qui me propose de partager cette passion. Il s’ensuit des publications, une conférence, des interventions filmées et diffusées. Sans oublier une invitation à rejoindre le cercle des ambassadeurs de la Fondation Napoléon. Mes écrits et mes interventions sont appréciés. On me propose donc de rejoindre le conseil d’administration des Amis d’Arnaga et d’Edmond Rostand, d’écrire la préface de la réédition d’un livre de Rosemonde Gérard, de témoigner pour la Fondation Charles de Gaulle et pour le musée de l’Armée. L’histoire aurait pu s’arrêter là.

Mais par l’intermédiaire de la Fondation, je rencontre une metteuse en scène, passionnée également par l’œuvre d’Edmond Rostand. Elle assiste à ma conférence donnée à la Fondation. Elle a mis en scène avec succès L’Aiglon. Elle me propose de participer à l’adaptation d’une pièce posthume, peu jouée d’Edmond Rostand : La Dernière Nuit de Don Juan. Il s’ensuit de nombreuses heures de lecture, de relecture, de propositions de coupures, de modifications, de questionnements et de choix. Je me prends au jeu. Je rédige une note de contextualisation et de présentation de la pièce. Je dessine des décors et des costumes. Je suis cette adaptation du début jusqu’à la fin, avec le choix des acteurs, des décors, des costumes, des accessoires et de la scénographie. Sans oublier les répétitions. Je participe au dossier de presse et à la réédition du livre de la pièce. Je suis même reçu à la Comédie-Française, dans cette institution culturelle française fondée en 1680.

Enfin arrive le 25 mai 2024, date de la première. À l’issue de la représentation, le public applaudit chaleureusement avec de nombreux rappels. La pièce se joue à guichets fermés du 25 mai au 7 juillet 2024. C’est un succès.
Je me souviens que tout a commencé par le don d’un livre. Par la suite, chaque étape fut une pièce d’un puzzle qui se construisit progressivement pour former un tableau final inattendu.

Nous pensons contrôler notre destin. En fait, nous sommes souvent guidés par des forces invisibles et des synchronicités qui défient toute logique. J’ai appris ainsi à embrasser l’imprévu avec curiosité plutôt que de le craindre. Chaque rebondissement est une source d’opportunités qui peut mener vers de nouveaux horizons. La symphonie des circonstances crée les moments les plus inattendus de la vie où se cachent les plus grandes leçons et les plus belles surprises.

Olivier Aubriet (H.97)

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