Dix étudiants et jeunes diplômés HEC étaient reçus hier au ministère de la Transition écologique. Un échange avec la ministre de la Transition énergétique et la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour présenter leurs 15 recommandations pour la mise en œuvre, le financement et l’adaptation à une consommation durable en énergie.

Sous les arcades de l’hôtel de Roquelaure qui abrite le ministère de la Transition écologique, des groupes d’étudiants échangent à demi-mot sur les points clés de leur intervention imminente. Aussi nerveux que curieux, ces jeunes attendent la venue de la ministre Agnès Pannier-Runacher (H.95), et de sa consœur Sylvie Retailleau, à l’Enseignement supérieur et la Recherche. Ce lundi 6 mars, grandes écoles (HEC, Dauphine, Science Po, IPAG) et universités régionales (Bretagne Sud, Poitiers) sont reçus en consultation au ministère de la Transition écologique. Le sujet du jour ? Le mix énergétique. HEC Transition, club militant pour un monde durable et juste, est présent. Soutenus par François Collin (H.87), directeur de la stratégie climat et environnement d’HEC Paris, dix élèves et alumni engagés se sont fait remarquer en janvier dernier après avoir envoyé 15 propositions pour une stratégie en énergie viable pour la France. « On n’est pas des experts, mais le prestige de notre école nous permet de faire passer des messages », glisse Zoë Bantignies-Le Bars (M.23), co-rédactrice du document remis aux ministres.

« C’est vous qui allez mener cette transition énergétique ! », tonne sans équivoque Agnès Pannier-Runacher. La ministre ne se cache pas d’être venue aussi, pour recruter. C’est sur ses difficultés à trouver notamment, des profils pour gérer des dossiers sur l’énergie renouvelable qu’elle insiste. « Nous sommes en recherche de talents. Si vous avez des CV, n’hésitez pas à les déposer », conclut-elle en souriant. 100 000 emplois devront être créés pour mener à bien les objectifs de la transition. Pour Sylvie Retailleau, la crise écologique peut être perçue « comme quelque chose de catastrophique, mais aussi comme un événement dynamisant. Quand on a 20 ans, on a le pouvoir de changer le monde. » Message limpide pour ceux qui s’apprêtent à monter au pupitre.

Shedy Guiga (H.20) et Valentine Japiot (H.23), du Club HEC Transition, prennent la parole pour présenter leur vision d’un chantier vertueux et urgent. Rénovation énergétique et rigueur extrême dans l’exploitation de la biomasse, sont les axes principaux. On retiendra de leur discours un appel ferme à la souveraineté énergétique face à une dépendance aux conséquences sociales et économiques néfastes. Devant la prise de notes assidue des deux ministres, ils soulèvent l’importance de sortir du sempiternel débat opposant le nucléaire aux énergies vertes. Et d’interpeller le ministère en fin de discours : « Je tiens à préciser qu’aujourd’hui, nous ne sommes pas les acteurs. Aujourd’hui, les acteurs, c’est vous. »

Ici, deux générations d’HEC se répondent. « Notre responsabilité, c’est de faire parler les générations ensemble et de donner l’espace pour porter leur voix à ceux qui vont subir les conséquences de nos décisions », affirme Agnès Pannier-Runacher. Rappelant sa jeunesse engagée à gauche, elle réagit à la conclusion coup de poing de Shedy Guiga : « [Être acteurs] C’est un moyen de répondre à l’éco-anxiété qui est réelle et qui n’est pas une vue de l’esprit, pour une partie de cette génération. » Elle affirme apprécier une parole jeune « plus originale et roborative que celle des gens qui font partie de ma génération ou de celle de mes parents. »

Après cette première prise de parole à  l’hôtel de Roquelaure, Valentine Japiot, inscrite en Master PIC Innovation, pense déjà à la suite. « Ça serait intéressant de voir comment on va participer sur le plan de la sobriété et à quel point c’est la fin ou le début d’autre chose. » Les membres de HEC Transition se disent touchés par l’implication de la ministre. « On voit bien qu’elle n’est pas dépassée parce qu’on lui a présenté, abonde Shedy Guiga. Que quelqu’un s’investisse autant dans la lecture et le retour, c’est assez positif. » Il dit vouloir, à l’avenir, travailler sur le sujet de l’électricité. « On a les grandes étapes : le nucléaire, les ENR et les flexibilités en thermique décarboné. Maintenant, c’est comment on va y arriver qui m’intéresse. »

Cette réunion avait lieu dans le cadre la grande concertation nationale sur le mix énergétique lancée par le ministère en octobre dernier. Sa synthèse doit être présentée dans le courant de la semaine. Malgré des délais serrés, la garante de la Commission nationale du débat public l’a assuré : elle prendra en compte la contribution des étudiants.

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