Mirakl – Adrien Nussenbaum (H.01)
J’ai cofondé Mirakl il y a maintenant huit ans avec la conviction que la révolution digitale allait radicalement transformer les business models traditionnels et plus largement l’ensemble des organisations. Cette révolution s’est très vite manifestée par le biais d’un nouveau business model de plateforme dont les pionniers sont Amazon, Alibaba, Airbnb et Uber. Des sociétés qui ne détiennent ni ne produisent les actifs qu’elles commercialisent.
Nous avons créé Mirakl convaincus que pour réussir à l’ère de l’économie de plateforme, les entreprises allaient devoir profondément changer leur façon d’opérer. Ce qui caractérise les leaders de cette nouvelle économie c’est la reconnaissance qu’ils ont du rôle prépondérant que joue l’écosystème qu’ils ont créé entre leurs partenaires et leurs clients. L’explosion des marketplaces à travers le monde témoigne de cette révolution déjà bien amorcée. Le top 100 des marketplaces en ligne représente plus de 1,8 trilliards de dollars de revenus. En Chine, Alibaba représente à lui seul 80 % de l’e-commerce et Amazon 47 % de l’e-commerce des États-Unis.
Depuis la création de Mirakl, j’ai parcouru plus de 1 000 000 de kilomètres à travers le globe et participé à des milliers de conversations avec des dirigeants sur les défis de la digitalisation. Tout au long de ce parcours, mon objectif a été d’aider ces leaders à prendre conscience du fait que le train était en marche et que le modèle de plateforme était la seule voie pour assurer une survie à long terme dans cette nouvelle économie digitale.Mais toutes les entreprises ne sont pas prêtes à reconnaître l’existence de ce mouvement tectonique ou à repenser leur modèle pour accepter l’avènement de la « plateformisation » de l’économie. Lorsque certains CxOs des plus grandes entreprises au monde m’expliquent qu’ils ont d’autres priorités, je ne peux que constater la dimension court-termiste de leur raisonnement.Que ce soit la supply chain, la personnalisation, la mobilité ou la fidélisation, toutes ces innovations sont d’ordre incrémental et n’adressent pas les véritables enjeux d’évolution de business model. Elles ne procurent pas aux entreprises l’agilité digitale nécessaire pour réussir dans cette économie nouvellement transformée par le phénomène de plateformisation.La réalité est la suivante : le développement et la digitalisation de son écosystème représentent l’avenir du business. De cela seul peuvent venir la « scalabilité » et les effets réseaux qui permettent de croître. Sans transition vers l’économie de plateforme, il est probable qu’à long terme vos initiatives de transformation digitale échoueront, ce qui implique que sur le long terme votre entreprise sera en danger.Les leaders de l’ensemble des secteurs industriels le savent déjà.
Que vous soyez un retailer, un fabricant, un distributeur ou un groupement d’achat, quelle que soit votre taille, les premiers entrants sont déjà en voie de digitalisation de leur écosystème de partenaires pour mieux servir leur client. Les exemples à suivre sont sous nos yeux. Walmart ou Carrefour ont lancé des marketplaces pour étendre leur gamme et couvrir l’ensemble des demandes de leurs clients. Le groupe H&M a adopté le modèle sous la marque Afound en Europe. Les industriels et les distributeurs ont aussi lancé leurs marketplaces : Toyota Material Handling ou Satair du groupe Airbus sont aujourd’hui des pionniers de ce modèle. Ces sociétés ont eu la même révélation : s’ils ne s’imposent pas comme la plateforme de référence de leur industrie, cette place sera prise par d’autres. Les données du cabinet McKinsey illustrent la prime aux premiers entrants. Par rapport aux entreprises suiveuses, les first movers peuvent espérer doubler leurs revenus.
La raison est simple : dans l’ère du digital, seules les plateformes peuvent offrir la « scalabilité » et l’agilité nécessaire pour répondre aux nouvelles exigences des clients. L’opportunité d’être le premier entrant est attrayante, mais l’urgence est réelle : le cabinet McKinsey prédit qu’en 2025, ces écosystèmes pourraient représenter plus de 30 % de la valeur créée par les entreprises.
Published by Marielle Chabry