En 2015, nous avons monté avec Benjamin Blanchard (H.13) ce qui est aujourd’hui un des leaders de la fusion-acquisition dans les pays émergents d’Asie du Sud-Est pour les deals small & mid caps. Le potentiel d’investissement de cette région est fantastique pour les investisseurs et sociétés européennes qui ont manqué le wagon chinois dans les années 1990 et 2000. Le PIB croît d’environ 5-7 % par an, la population est jeune (40 % de moins de 25 ans) et a un réel désir d’ascension sociale, une classe moyenne se crée, un tissu industriel se met en place, les infrastructures se développent, etc. L’Asie du Sud-Est est la région du monde où les fonds de venture capital ont eu les meilleurs rendements. Chaque année, nous voyons des centaines d’investissement de moins de 100 millions de dollars dans des secteurs où les Européens et les sociétés européennes ont une réelle expertise, telle que le tourisme et l’hôtellerie, les infrastructures, la technologie, la mobilité, l’agribusiness, la médecine… mais, malheureusement, les Européens sont en train de laisser passer le train de l’ASEAN comme ils ont globalement laissé passer le train chinois. L’année dernière, au Vietnam, par exemple, 37 % des investissements étrangers sont venus du Japon, 20 % de la Corée du Sud, 7 % de la Thaïlande, 8 % de Singapour et 7 % de la Chine. Pendant ce temps, l’UE à 25 représente moins de 6 %, malgré un marché intérieur atone.Comment comprendre que, malgré son ADN très français – nous avons par la suite recruté d’autres HEC, tels Julien Curtet (H.15) et Christophe Perron (H.15), qui travaillent au développement de nos activités au Vietnam -, notre société compte parmi ses meilleurs clients et partenaires des Canadiens, Singapouriens, Américains, Chinois, Taïwainais et Coréens ? Nous constatons que si les grands groupes français, en particulier dans le luxe, sont agressifs dans la région, le reste de l’économie française prend très peu de risques. À l’heure où le capital est presque gratuit en Europe, où les opportunités en Chine sont hors de prix, difficile de comprendre la frilosité du vieux continent envers l’opportunité du Sud-Est asiatique.

Antoine Blanc (H.13)

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