54 participants connectés assistaient à cette conférence en ligne, inédite et non enregistrée, du 8 octobre dernier. Nous remercions Éric Viallatoux et toute l’équipe technique qui permettent le maintien de ces événements importants pour notre communauté.

Faut-il encore présenter Alexandre Pachulski, cofondateur de la plateforme de solutions RH Talentsoft (Next 40) et auteur de deux ouvrages de vulgarisation passionnants autour de l’intelligence artificielle, Unique(s) – Et si la clé du monde de demain, c’était nous ? et Génération IA ? Alexandre parle aussi bien aux technophiles qu’aux nombreux professionnels des ressources humaines présents ce soir-là. Il revient sur la genèse de sa vocation et le doctorat en ingénierie des connaissances qu’il a entrepris pour approfondir cette question : « Une machine peut-elle penser ? » Une interrogation existentielle qu’Alan Turing, mathématicien britannique de génie, avait soulevée au début des années 1950. À ce jour, aucune intelligence artificielle n’a réussi le test de Turing visant à « berner » des humains, en soutenant une conversation de plusieurs minutes au point de les convaincre de leur propre humanité.Toutefois, d’énormes progrès ont été réalisés par les machines au cours des dix dernières années. Chacun d’entre nous contribue à ces progrès : un « like » sur Facebook, un choix de titre musical sur Deezer, un partage d’article LinkedIn… toutes ces actions, apparemment insignifiantes, éduquent des intelligences artificielles.On observe trois types d’apprentissage : supervisé, donc transmettant nos biais (comme on éduque nos enfants, voir le film éloquent Chappie, dans lequel un robot programmé pour aider la police est volé par des gangsters et devient braqueur de banques) ; par renforcement, en répétant une situation jusqu’à la traiter de manière appropriée (comme dans le film Un jour sans fin) ou par deep learning, c’est-à-dire sans supervision. Dans ce dernier cas, on fournit des données à l’intelligence artificielle et elle crée elle-même un modèle d’interprétation.Une intelligence artificielle ainsi entraînée peut-elle alors supplanter l’humain ? Réaliser nos tâches ? Devenir notre ennemie ?

Pour Alexandre Pachulski, tout l’enjeu est a contrario d’en faire une alliée.Dans le recrutement, par exemple, elle peut nous aider dans l’assemblage des talents et répondre aux enjeux de diversité des entreprises. Elle peut enrichir notre approche en ne recrutant pas que des « stars » à chaque poste mais en créant une meilleure équipe par la complémentarité de ses membres. Elle est même capable, à partir de l’analyse de calendriers Outlook, de déterminer des affinités professionnelles et d’évaluer des potentiels de meilleure collaboration.Seulement, pour obtenir ces résultats, elle a besoin de plusieurs éléments. Des données, tout d’abord. De la confiance, ensuite (quel employé fournira son calendrier Outlook à son employeur ?).Et une intention claire, enfin. Sur ce dernier point, les Gafa ont une stratégie explicite : vendre davantage. On sait ainsi que toute collecte de données vise à faire des suggestions d’achats aux consommateurs. Souhaite-t-on, en France et en Europe, procéder de même et adopter cette logique de profit, ou bien aimerait-on mettre l’IA au service des personnes ?

Les questions de l’assemblée ont fusé à l’issue de cette intervention, questions parmi lesquelles : la compatibilité de l’IA avec la loi sur la protection des données, la notion de conscience de l’IA, la possibilité pour une IA de procurer de l’émotion, l’aptitude de l’IA à appréhender la spiritualité, les limitations de l’IA à un seul domaine d’expertise (il n’existe pas, en effet, d’IA généraliste), la place de l’IA dans la gestion de crise (notamment la crise actuelle)… il faudrait un nouvel événement pour développer toutes les thématiques abordées !

En conclusion, Alexandre Pachulski souligne le caractère visionnaire du film 2001, L’Odyssée de l’espace, qui abordait déjà toutes ces questions en 1968. Et il nous invite à (re)découvrir certaines œuvres cinématographiques dont le film Le Stratège ou encore la série créée par Jonathan Nolan Person of Interest.Son mot de la fin est empreint d’espérance : « Au fond, l’Intelligence artificielle nous pousse à chercher ce qui fait que l’humain est humain » ! Au plaisir de vous retrouver pour notre prochain événement.

Caroline Sommervogel (H.97)

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