L’idée d’écrire mon premier roman m’est venue la veille du jour où j’ai pris ma retraite, il y a maintenant huit ans. Je travaillais auparavant à la direction financière d’EDF, un métier très éloigné de celui de romancier ! J’avais invité une douzaine de collègues à la brasserie La Lorraine. Dans mon dis-cours d’adieu, je me suis aventuré à déclarer que mon premier objectif à l’issue de ma vie professionnelle serait d’écrire un roman. Le lendemain, je partais avec mon épouse en Nouvelle-Zélande, une rupture définitive avec mes anciennes activités. Au retour, je me suis mis à l’ouvrage car cochon qui s’en dédit, j’étais engagé. Aucune idée de sujet précis, encore moins de plan ou d’architecture. Une feuille blanche ! J’étais animé par trois aiguillons : aimer rédiger, me plonger dans des livres d’histoire et des documents d’époque, libérer mon imagination sans me censurer. Je me suis immergé dans cette activité avec passion, exerçant mes droits de dieu écrivain capricieux et en même temps soucieux des exigences de la rigueur historique. Un merveilleux lessivage de cerveau après presque quarante ans de travail mercenaire.

Au bout de trois ans, j’ai envoyé à mes collègues de La Lorraine et à quelques proches un pavé de 500 pages intitulé L’Île aux fées. Les retours ont été favorables et, comme moi-même, sans fausse modestie, je le trouvais bon, je l’ai envoyé à quelques éditeurs par courrier sans aucune recommandation. Les maisons d’édition exercent un métier difficile. Elles reçoivent beaucoup plus de bons manuscrits qu’elles ne peuvent en publier. Je ne me faisais aucune illusion sur le résultat et, pour être franc, je m’en moquais un peu, car L’Île aux fées n’a initialement pas été écrit pour être publié, mais pour tenir un pari personnel et assurer ma bonne santé mentale. Les refus, polis ou pas (autrement dit les « bonjours d’Alfred »), furent mes premières réponses. L’éditeur Ramsay a donné une réponse positive. La cerise sur le gâteau ! Ainsi, le livre sera dans toutes les (bonnes) librairies à partir du 21 mars prochain. Cette première expérience m’a tellement emporté que je viens de com-mettre un second roman qui attend,je l’espère, un destin éditorial égale-ment favorable (j’ai confiance…). Son titre est La Parenthèse et il s’intéresse à un des premiers réseaux français de résistance en 1940. Pour le troisième roman, ce qui est sûr c’est qu’à 70 ans, pour m’amuser encore, il me faudra trouver un sujet encore très différent.

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