Nicolas Depoix-Robain, avocat associé au sein du cabinet DEPOIX­ROBAIN ET ASSOCIÉS, nous en dit plus sur le positionnement de son cabinet ainsi que sur son périmètre d’action dans le monde du retournement et du redressement des entreprises. Il nous livre également sa lecture de la situation actuelle.

En cette période de crise, votre cabinet est déjà intervenu sur de nombreux dossiers. Qu’en est-il ?

En effet, nous sommes intervenus sur le dossier Picwic Toys, une société issue du rapprochement entre une enseigne de la famille Mulliez et Toys’r’us France, dans le cadre d’une restructuration financière de ce groupe avec un PGE de 25 millions d’euros et une restructuration des fonds propres de l’ordre de 70 millions d’euros. Nous avons assisté le repreneur de l’enseigne André, mais aussi le groupe Auchan dans son projet de reprise de l’enseigne Bio c’Bon, mais qui n’a finalement pas été au bout. Plus récemment nous avons assisté le groupe Hiventy dans le projet de reprise de Ymagis, un groupe côté qui a réalisé environ 150 millions d’euros de chiffre d’affaires.Notre cabinet offre un savoir-faire qui lui permet de traiter les difficultés des entreprises tout en optimisant les différents dispositifs exceptionnels mis en place par le gouvernement dans le cadre de l’État d’urgence sanitaire afin d’aider les entreprises à surpasser la crise économique qui résulte de la pandémie de la Covid-19. Nous travaillons donc aux côtés des entreprises, de leurs dirigeants ou de leurs actionnaires dans le traitement des difficultés en déployant les bons outils et tous les dispositifs exceptionnels qui s’offrent à eux en fonction de la situation financière ou du secteur d’activité de l’entreprise dans le cadre juridique le plus approprié. Nous intervenons aussi aux côtés des créanciers, notamment des fonds d’investissement, des institutions financières, ainsi que des fonds de LBO.

De la même manière, nous sommes également sollicités par des grands groupes industriels qui souhaitent se séparer d’actifs sous performants et non stratégiques dans le cadre d’opérations de « carve-out », mais également par des fonds d’investissement sur des sujets de distressed M&A ou de « buid-up ». Nous assistons en effet aux prémices du phénomène de consolidation qui va inévitablement s’opérer dans les prochains mois dans de nombreux secteurs d’activité ayant été exposés aux conséquences de la pandémie de Covid 19.Notre champ d’intervention est très large, mais c’est avant tout notre positionnement de cabinet de niche spécialiste du monde du redressement et du retournement d’entreprises qui nous permet d’accompagner et d’intervenir auprès des différentes parties prenantes.

Votre cabinet est aujourd’hui en première ligne dans ce contexte de crise. Qu’avez-vous pu observer ?

La crise a véritablement agi comme un accélérateur en exacerbant la fragilité et la vulnérabilité des entreprises qui connaissaient déjà des difficultés structurelles pré-covid suite à des modifications profondes de leur marché ayant au surplus été aggravées par des événements conjoncturels comme la crise des Gilets Jaunes, ou encore les attentats et qui étaient déjà lourdement endettées… Sans surprise, un des secteurs le plus touchés est le retail avec les premiers dépôts de bilan en avril dernier : André, la Halle ou encore Camaïeu. Il s’agissait là d’entreprises qui étaient déjà très fragiles avant même la survenance de la crise pour toutes les raisons sus-indiquées et qui en raison du poids de leur endettement n’étaient pas éligibles au PGE.Concrètement, durant cette période, nous avons été très sollicités pour accompagner des entreprises dans l’obtention d’un PGE et pour renégocier les dettes financières. Les mesures prises dans l’urgence par le gouvernement ont eu un effet bénéfique. Elles ont largement contribué à soutenir les entreprises et à leur permettre de passer ce premier cap.

“Notre cabinet offre un savoir-faire qui lui permet de traiter les difficultés des entreprises tout en optimisant les différents dispositifs exceptionnels mis en place par le gouvernement dans le cadre de l’État d’urgence sanitaire afin d’aider les entreprises à surpasser la crise économique qui résulte de la pandémiede la Covid-19.”

En parallèle, l’ordonnance du 20 mai 2020 est venue réformer à la marge certains pans du droit des procédures collectives en matière de prévention et de traitement des difficultés pour faciliter encore davantage le traitement de la crise avec notamment la faculté du dirigeant d’une entreprise sous procédure collective, de présenter une offre de reprise.Il est néanmoins, important de souligner que les aides obtenues par les entreprises sont des dettes qu’il faudra ensuite rembourser. Il s’agira pour elles de retrouver un niveau d’activité antérieur à celui d’avant la crise pour générer suffisamment de cash-flow aux fins de rembourser ces dettes ou à défaut d’y parvenir, de créer les instruments financiers qui permettront de répondre aux situations d’impasse que certaines entreprises vont nécessairement connaître lorsqu’il s’agira de rembourser. En parallèle, il reste difficile de pouvoir évaluer avec précision les scénarios de retour à la normale de l’activité et d’estimer le temps nécessaire pour un retour à une profitabilité qui permettra de générer les cash-flows suffisants pour le remboursement des dettes, en particulier dans le contexte de seconde vague de pandémie de la Covid-19 et de nouvelles restrictions sanitaires que nous traversons qui impacte très lourdement de nombreux secteurs d’activité parmi lesquels les plus touchés sont notamment la restauration, l’évènementiel, le tourisme, l’aéronautique, le spectacle et le retail relatifs aux produits non-essentiels. Cette situation va nous amener à solliciter encore davantage les dispositifs mis à disposition des entreprises par l’État dont la durée a été prorogée et notamment à redimensionner les enveloppes de PGE dont la franchise de remboursement est allongée pour atteindre désormais 2 ans.

Quelles pistes de réflexion pourriez-vous donner à nos lecteurs sur ce sujet ?

Il ne faut pas attendre que les difficultés surviennent afin de pouvoir tirer tous les bénéfices des dispositifs légaux qui existent. Plus nous traitons la difficulté en amont, plus nous sommes efficaces. Il est en effet essentiel de privilégier une démarche de prévention pour anticiper le traitement des difficultés et obtenir les meilleures chances de succès ; les statistiques le démontrent.Cette crise annonce également une consolidation dans certains secteurs d’activité, notamment les plus impactés dans laquelle les acteurs les plus résilients pourront s’inscrire soit pour se mettre eux-mêmes à l’abri soit pour saisir des opportunités. Dans ce contexte, les fonds d’investissement devraient pouvoir y contribuer en favorisant le financement des « build-up » dans les prochains mois.

Nicolas Depoix-Robain est spécialisé en matière de restructuration d’entreprises en difficulté, de fusions-acquisitions et de contentieux complexes.Il accompagne des grands groupes français et internationaux, des fonds d’investissement, des ETI et des PME sur tous leurs enjeux liés au M&A, aux situations spéciales, et au distressed M&A y compris dans le cadre de procédures de prévention et/ou de procédures collectives. Il assiste aussi bien l’entreprise en difficulté, ses actionnaires, ses dirigeants que des créanciers de tous types. Avocat, il est titulaire d’un doctorat en droit sur le règlement amiable des difficultés des entreprises (Paris IX Dauphine) et un DESS en droit des affaires et fiscalité (Paris I).

DEPOIX-ROBAIN ET ASSOCIÉS est composé de spécialistes expérimentés. Le cabinet a su développer une forte expertise en matière de droit des affaires et plus spécifiquement de restructuration d’entreprises en difficulté et de fusions-acquisitions. Nous accompagnons des grands groupes français et internationaux, des fonds d’investissement, des ETI et des PME sur tous leurs enjeux liés au M&A, au distressed M&A et aux situations spéciales.Depoix-Robain & Associés qui est régulièrement présent sur les dossiers de la place (Necotrans, Darel, Bata, Vivarte, Altia, Cepl, Mory, Maranatha, Tati, Toys’r’us, André, PicwicToys, Ymagis, BioCBon) intervient ainsi tout autant en prévention, en phase amont des procédures collectives, en appui des dirigeants, actionnaires et investisseurs, que dans la mise en place de plans de sauvegarde, de redressements et liquidations judiciaires.

 

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