Les femmes et les hommes se réalisent dans la liberté, de penser, de choisir, d’agir. La liberté a motivé nombre de jeunes dans leur choix d’étude et d’enseignement. Ce fut mon cas et cette promesse était une des meilleures ficelles de mes parents, « travaille bien à l’école et tu feras ce que tu voudras, tu seras libre ! Pour cela garde le plus d’options ouvertes le plus longtemps possible ».

Décliner, renoncer ou s’interdire la filière mathématique au lycée selon les orientations de chacune c’est se priver de certaines voies professionnelles ultérieures, dont le socle de sélection ou l’enseignement de base intègre les mathématiques et les matières scientifiques plus largement.

Une étude publiée début octobre par le collectif Maths&Sciences met en lumière une chute de 28% du nombre de filles au profil scientifique en terminale depuis 2019 et le nombre de filles suivant au moins 6 heures de maths par semaine a même chuté de 61% !

Les raisons de cette désaffection brutale et récente sont nombreuses et la principale erreur a été en 2019 de rendre largement optionnelle au lycée la matière alors que les filles y performaient autant que les garçons. S’en est suivie une série de conséquences ancillaires telles que la proposition prééminente des filières math aux garçons en raison d’une moindre performance dans les autres matières, ce qui conduit les filles à « payer » les faiblesses des garçons à ce titre ; mais aussi le choix d’orientation des filles vers des classes dans lesquelles elles ne se sentent pas isolées parmi les garçons, mais plus à l’aise et en confiance avec d’autres jeunes filles ; ou encore des filières considérées comme moins élitistes et « pressurisantes ». Le manque de représentation de figures féminines dans le monde des sciences contribue également à cette autocensure vis-à-vis des maths.

Alors que nous devons favoriser l’entrepreneuriat et l’emploi féminin dans la tech, dans l’industrie, dans la finance, comme facteur même de développement de ces secteurs et de liberté de choix des femmes, constater la baisse brutale de l’intégration des jeunes femmes dans la filière de formation préalable est une aberration.

HEC Au Féminin sera signataire d’une tribune aux côtés d’autres associations comme Ingénieurs et Scientifiques de France (Iesf) Grandes Ecoles au Féminin (GEF), Cercle interElles, Femmes@Numérique, Institut G9plus, Digital Ladies & Allies, Conférence des Grandes Ecoles qui dénonce cette situation et propose des pistes de solutions simples et à mettre en œuvre immédiatement.

Beaucoup d’entre nous ont accédé à HEC après une ou deux années de classe prépa aux concours dont les maths étaient une des matières phares, et, objectivement, la matière dans laquelle le travail, l’exercice et l’entrainement étaient le plus payants, tandis que « gratter » des points en philo, histégé ou langue était beaucoup plus aléatoire.

Au-delà des stratégies de concours, ce socle de mathématique se révélait aussi précieux lorsque nous commencions à taquiner la finance, la comptabilité et la gestion, une autre poésie de chiffres.

Nos plus jeunes camarades qui ont encore des petites sœurs ou amies au lycée doivent les encourager à embrasser les filières scientifiques, nos camarades parents, hommes et femmes, doivent se mobiliser auprès de leurs enfants et autour de nous dans nos familles, entreprises, cercles de loisirs ou d’engagement porter cette alerte et ces encouragements.

On sait que l’accès à certains métiers et, avant cela, à certains concours s’est ouvert aux femmes lorsque les copies sont devenues anonymes. On sait aussi que les femmes ont surperformé les concours lorsque les épreuves orales ont été supprimées en raison du covid. Il y a des biais plus ou moins inconscients contre lesquels il faut lutter en raison de préjugés ancrés, n’en rajoutons pas en manquant de confiance et parfois de courage pour prendre la route des maths et la voie scientifique.

Mobilisons-nous pour les boursières scientifiques, ne les écartez pas des meilleurs stages, offrons leur les jobs tremplins en priorité. Le cours des choses peut parfaitement, et doit, être infléchi.

La science, la raison, les mathématiques comme la confiance et la chance sonnent bien au féminin.

 

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