SOFRATESA, grâce à son ample connaissance de l’industrie du transport urbain, a fait le pari du progrès de la région et des plateformes multimodales, faisant incursion dans le domaine des différents systèmes de transport, avec la ferme intention de promouvoir le développement durable des villes en Amérique latine. Éclairage de Joan Giacinti (H.79), président fondateur de Sofratesa.

Pourquoi avoir choisi de créer une société en République dominicaine ?

Pour plusieurs raisons! Tout d’abord, pour aider les entreprises françaises à y accéder et à s’y développer. C’est en effet le leitmotiv de tous mes projets : introduire des sociétés françaises ainsi que leurs technologies dans les Caraïbes et l’Amérique Latine. Et, il est évident qu’avoir de bonnes relations avec les autorités dominicaines est un véritable atout. J’ai réussi à les convaincre qu’il était nécessaire de rénover les aéroports et qu’il était plus rentable pour le développement touristique du pays de les donner en gestion au secteur privé.Ensuite, la République dominicaine est mon pays d’expatriation. Participer à son développement me tient particulièrement à cœur.J’ai donc mené différents projets dans toute la région des Caraïbes, dans lesquelles j’étais agent chargé des négociations avec des sociétés publiques et privées pour des projets d’infrastructures, de barrages, de centrales électriques…

Vous avez commencé par des projets pour le secteur de l’aéronautique. Qu’en est-il ?

En effet, mon activité principale était l’aéronautique. En 1988, nous avons signé avec une grande entreprise de travaux publics française la construction du nouvel aéroport de Saint-Domingue. Une fois la construction terminée, j’ai créé la société de maintenance des aéroports de la République dominicaine. C’était ma première société industrielle, qui a employé plusieurs centaines de personnes venant de la région. Nous avons aussi beaucoup travaillé avec le groupe Thales, notamment pour vendre et installer des systèmes de radars et de centres de contrôle dans la région.

Vous avez également créé le premier métro de la région…

En effet, en 2004, avec un groupe de personnes, nous avons eu l’idée de proposer la création d’un métro en République dominicaine. En association avec de grands groupes français comme Alstom, Thales ou encore CIM et TSO, nous avons gagné une grande partie des appels d’offres qui ont été lancés. Nous avons fait le premier métro mais aussi le deuxième et le troisième. Après l’inauguration du premier métro, c’est également ma société qui a remporté les contrats de maintenance.Constatant que ce projet de métro a été véritablement une réussite, les autorités de Panama ont voulu utiliser les mêmes technologies. C’est là que les petits pays de l’Amérique latine ont commencé à étudier sérieusement les métros comme moyen de transport public. Nous avons donc fait la remière et la seconde ligne de métro de Panama.Le transport ferroviaire est un moteur du développement et chez Sofratesa. Nous reconnaissons son importance et son impact sur la mobilité des personnes, sur l’économie des pays et, par-dessus tout, sur l’environnement. C’est pour cela que nous travaillons jour après jour pour dépasser les défis du secteur, contribuant à la santé économique et à la sécurité du système tout en garantissant la satisfaction des usagers.Qu’en est-il des systèmes de transports par câble ?Les téléphériques, très communs en tant que systèmes de transport à usage touristique, sont devenus une solution innovante en matière de transport public urbain, en rendant accessible et en améliorant l’interconnexion de certaines zones géographiques, optimisant les temps de trajet, améliorant la mobilité, la qualité de vie des personnes et l’environnement. C’est pour cette raison que nous croyons et nous travaillons en faveur du transport multimodal.Enfin, nous travaillons aussi sur l’intermodalité des systèmes de paiements dans les transports pour faciliter la vie des gens.

« Pour satisfaire les usagers, il faut être à l’heure, ce qui est le cas des métros et des téléphériques.”

Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?

En alliance avec l’entreprise française Poma, nous avons entrepris l’important projet intitulé Aerovia de Guayaquil, qui connecte la ville de Duran avec le centre de la ville de Guayaquil, traversant l’immense fleuve Guayas. Ce projet est unique dans la région du fait de ce vol au-dessus d’un fleuve de plus de 2 kilomètres, ce qui en fait un des projets de téléphériques urbains, avec le plus long survol d’étendue d’eau dans le monde.Le consortium mené par Sofratesa est en charge des études préalables, du design, de la construction, de l’opération et de l’entretien. Ce projet sur 30 ans est un partenariat stratégique avec la municipalité de Guayaquil et constitue la première ligne de transport urbain par câble de la ville.Nous allons prochainement, le 1er décembre, inaugurer ce téléphérique dont nous avons la concession. Les personnes de Duran qui chaque jour mettent plus de deux heures pour aller travailler à Guayaquil, pourront désormais y aller en moins de 20 minutes, et ce à moindre coût financier et écologique.

Quel est l’impact du transport ferroviaire sur la ville ?

L’Amérique du Nord et l’Amérique latine ont à un moment donné fortement travaillé sur le développement du transport ferroviaire et ont par la suite vite abandonné. À l’époque, l’état construisait des routes et les entretenait, ce qui ne rendait pas très attrayant le fait de faire des concessions privées pour le chemin de fer. C’est d’ailleurs pour cette raison que le nombre de camions aux États-Unis était devenu énorme et le train en déclin !Aujourd’hui, cela est en train de changer suite à une prise de conscience internationale. Le transport ferroviaire est désormais considéré comme l’un des modes de transports terrestres les plus performants d’un point de vue énergétique, environnemental. Il consomme moins d’énergie, il est plus rapide, plus sûr et économiquement plus viable que les voitures et les camions.

Comment contribuez-vous à la santé économique et à la sécurité du système tout en garantissant la satisfaction des usagers ?

Pour satisfaire les usagers, il faut être à l’heure, ce qui est le cas des métros et des téléphériques. Il faut aussi être très bon marché, c’est-à-dire avoir un système de transport décent : peu importe assis ou debout, il faut que ce soit confortable.À ce jour, dans les pays où nous avons fait des métros, les gens sont plus que satisfaits de nos systèmes. Il s’agit de pays chauds ou nous avons installé une aération correcte dans les téléphériques et une climatisation dans les rames de métros.Par ailleurs, même au niveau esthétique, nos interventions ont fait de ces belles villes, des villes avec une empreinte moderne et technologique.Enfin, au niveau économie, les pays dans lesquelles nous sommes, notamment la République dominicaine et le Panama, ne sont pas importateurs de pétrole. Il est donc facile de faire un calcul et d’arriver à un résultat : l’économie en pétrole par an paie largement l’investissement…

Vous avez aussi une passion cachée…

Effectivement, j’adore le cinéma. J’ai écrit des scénarios et produit quatre longs-métrages en République dominicaine. Parmi ces films, il y a Trópico de Sangre, avec Michelle Rodriguez, qui est l’histoire des sœurs Mirabal. Ces dernières furent assassinées par le dernier dictateur de la République dominicaine. Le jour de leur assassinat a d’ailleurs été déclaré par l’ONU jour de la non-violence contre les femmes.

Joan Giacinti (H.79) est président fondateur et principal actionnaire de Sofratesa, ainsi que membre du conseil d’administration d’entreprises multinationales dans les secteurs de la construction, des télécommunications et des concessions.

SOFRATESA est une entreprise latino-américaine implantée durablement au Panama, en République dominicaine, en Équateur et en Colombie, dont les domaines d’acti-vité sont le secteur des infrastructures de transport et les télécommunications. Au cours de ses 30 années d’activité dans la région, le groupe est devenu un des leaders en études, installations, opérations et maintenance d’infrastruc-tures de pointe.

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