Bastien, 5 ans et demi, sort du supermarché et demande à son père : « Papa, pourquoi les gens dorment dans la rue ? Pourquoi tu ne leur donnerais pas un travail avec ton entreprise, à mes copains des rues ? »Bastien, c’est mon fils. Pendant plus d’un an, je n’ai pas trouvé de réponse à sa question… Jusqu’au premier confinement. À force de passer du temps dans ma cuisine, en novice, j’ai réalisé qu’en suivant des recettes pas à pas, trouvées sur internet, on arrivait à faire des gâteaux savoureux. J’ai surtout réalisé à quel point une activité manuelle telle que la pâtisserie pouvais donner confiance en soi et permettait d’être fier de sa réalisation. Et là, le déclic ! Créer une entreprise qui recrute et accompagne des personnes éloignées de l’emploi afin de permettre leur insertion par le travail, autour des métiers de la gourmandise : ce sera la mission des Copains de Bastien.

Depuis septembre 2020, je planche sur le projet afin de trouver une réalité économique à cette mission. Après avoir étudié le business model de la biscuiterie, j’ai finalement validé celui d’un projet d’un « bean to bar », grâce à la rencontre avec Arnaud Normand, mon nouvel associé, chef pâtissier et chocolatier. Nous allons lancer le premier « bean to bar solidaire parisien ». Nous allons fabriquer du chocolat, dans Paris, à partir des fèves de cacao avec nos copains des rues. Nos fèves sont sourcées par des partenaires éthiques. Nous payons les producteurs au juste prix, et pas celui fixé en Bourse, ce qui leur permet d’envoyer leurs enfants étudier à l’école plutôt que de les envoyer travailler dans les fermes de cacao. Une fois les fèves de cacao dans notre laboratoire, nous procédons à la torréfaction, le concassage, le vannage, le conchage, le moulage et l’emballage de nos tablettes. Ce processus est un enchaînement d’étapes qui, mises bout à bout, prennent environ soixante heures. Nous maîtrisons toute la chaîne afin de fabriquer un produit éthique et de qualité. Ces étapes sont également des moyens pour nos copains de reprendre plaisir à travailler et d’apprendre et exercer un métier dont ils peuvent être fiers. À ce travail s’ajoute un suivi personnalisé pour accompagner chaque personne à son rythme. Nous réalisons également des « bonbons », processus plus complexe et plus varié, pour celles et ceux qui souhaitent obtenir le CAP de chocolatier-confiseur. Les copains ne sont pas uniquement occupés à produire leur chocolat, ils le vendent aussi ! Nos vendeuses et vendeurs sont issus de la précarité. Nous les accompagnons à travers des formations liées à la vente en boutique. Nous ne sommes pas une « entreprise d’insertion », car nous voulons offrir des CDI à nos copains, dans une entreprise « standard », précieux sésame pour décrocher un logement durable. Leur parcours chez Les Copains de Bastien leur permet d’apprendre un métier, d’obtenir un diplôme et d’acquérir une expérience précieuse dans un métier dont ils sont fiers !

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