J’ai toujours rêvé d’un monde peuplé d’histoires, de personnages et d’émotions. Un lieu étrange où l’aspérité, l’improbable, le décalé ne sont pas jugés mais valorisés. Une oasis où être vulnérable n’est pas risqué, mais encouragé. Un espace où l’impératif de performance est remplacé par l’impératif de bienveillance. Je l’ai cherché. J’ai souvent déchanté. Mais j’ai fini par le trouver.

Un jour, en dépassant ma peur de toujours : en me rendant à un cours d’improvisation théâtrale. J’ai découvert ce jour-là une discipline révolutionnaire. Plus que cela, j’ai découvert une philosophie, que je porte aujourd’hui comme un étendard, convaincue des richesses qu’elle peut apporter à l’entreprise. Une philosophie que je crois essentielle à la formation de tout étudiant et futur manager. C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité créer une troupe de théâtre d’improvisation au sein du master X-HEC Entrepreneurs, convaincue du pouvoir transformateur et de cette discipline pour les futurs leaders que nous sommes amenés à être !

Chaque semaine, nous sommes donc une trentaine à nous réunir dans le « showroom » de la marque On vous veut du Bien pour apprendre cette discipline… indisciplinée.Je vais tenter de vous partager en quelques mots ce que j’y vis.Chaque cours d’improvisation m’éduque.Cette discipline artistique change mon regard sur les autres. Nourrit ma vision du monde. Bouscule mes préjugés. Elle m’inspire humainement, me déplace intimement.Elle m’autorise à rêver d’une société différente.Quand le monde nous envoie chaque jour des impératifs de performance, l’impro nous enseigne l’imperformance et la bienveillance.Quand le monde nous persuade qu’il faut réussir, atteindre des résultats, être le meilleur, cocher des cases, éviter l’échec, l’impro nous fait comprendre que ces impératifs sont nos pires ennemis sur scène, bloquent notre créativité, cassent les histoires. Quand le monde nous apprend à anticiper, à programmer, à encadrer nos vies, l’impro nous révèle la richesse des imprévus et des loupés, en fait les points de départs de magnifiques histoires.

En impro, j’apprends à faire sans cogiter, à jouer sans anticiper. En impro, j’apprends à me lancer sans idées, à faire avec ce que j’ai, à oser sans compter. En impro, j’apprends à être moi, à me sentir vulnérable, et à laisser les autres l’être aussi. En impro, j’apprends la richesse de l’émotion, de la différence, du bizarre, de l’improbable. En impro, j’apprends à suivre les idées d’autrui mêmes si elles sont à l’opposé des miennes.En impro, j’apprends à m’adapter : aux autres, aux contraintes de jeu, aux surprises. En impro j’apprends à me laisser bousculer, déplacer, changer de voie, changer de regard.Prendre un cours d’impro, c’est apprendre à être soi, tel que l’on est, sans se cacher derrière un décor, un texte, un rôle préétabli. C’est venir se révéler, se faire confiance, s’exposer, se découvrir et s’accueillir… C’est venir faire corps à plusieurs, se reposer les uns sur les autres, s’ouvrir au collectif, en comprendre la force. C’est ouvrir grand ses oreilles, ses yeux, et même son cœur pour jouer du mieux qu’on peut. Ce n’est pas se prendre au sérieux, jamais. Et s’amuser, beaucoup… À contre-courant de tout ce qu’on nous apprend souvent.

Je crois profondément qu’il y a beaucoup d’enseignements à tirer de cette belle discipline, pour notre vie quotidienne, personnelle et professionnelle. Je rêve qu’un jour, toutes ces règles du jeu soient celles de l’entreprise. Tel est mon étendard. Tel sera mon combat. Et il commence chaque semaine, avec mes camarades, dans une petite salle rue d’Alésia. Sur scène. Et si on devenait des improfessionnels ?

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