Depuis longtemps, je regarde avec fascination et angoisse le monde moderne, qui nous apprend à nous adapter, à aller vite, à changer sans cesse. Et dans lequel tout devient lisse, déraciné, organisé et périssable. J’ai vu des gens développer des talents insoupçonnés et d’autres étouffer. Parfois les deux en même temps. Après avoir travaillé dans des multinationales, j’ai décidé de devenir artisan. Pour me former, je suis devenu ouvrier sur des chantiers, avant de reprendre une entreprise artisanale. Quelques années plus tard, j’étais ainsi patron d’une PME. Je n’ai jamais oublié l’artisan que j’ai été, ni ceux avec qui je travaille encore au quotidien. De ces expériences, j’ai fini par faire un roman, La Pierre intérieure. L’histoire d’un artisan tailleur de pierre, Gilbert. Comme l’homme moderne, lui aussi crève dans ce monde qui n’accorde pas de valeur à son travail, ne regarde plus les œuvres du passé et se détourne de la beauté qui traverse le temps. Et celle de Célyne, qui navigue entre les consultants en stratégie et le packaging de pots de yaourt sans savoir d’où elle vient ni vers quoi elle court.En imaginant cette rencontre, je me suis demandé comment survivre, comment retrouver ce qui est enfoui en nous et persiste, comme un acte de résistance à l’effondrement de la planète et de nous-même. Il y a la pensée de Simone Weil, qui m’accompagne depuis que ma professeure de philosophie de terminale m’en a parlé, j’ai ajouté la sagesse d’un Srilankais, les mots croisés d’une grand-mère, ils sont tous comme des anges posés au-dessus de nos vies pour caresser l’enfant qui est en nous et rêver à quelques promesses d’avenir.

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