Se lever, arriver à l’heure à l’école, se connecter sur les premiers meetings en vision comme tout le monde, travailler sans rien laisser paraître, remplir le frigo avant le couvre-feu de 18  heures, maintenir une vie sociale et affective, vivre normalement comme si de rien n’était, depuis plus d’une année de surréalisme…

Et voilà qu’une lueur d’espoir arrivait, début janvier  2021, alors que la routine s’installait, la résignation plus que la résilience d’ailleurs  ! Le spleen avait pris place puisque l’ambivalence du contexte nous interdisait d’invectiver le gouvernement, laissant libre cours à l’agressivité, au jugement et même à la délation dans nos rues.

Outre d’interminables débats sur les risques, les lobbys pharmaceutiques, les conspirations et autres thèses avancées pour ne pas apporter de crédit à la vaccination, j’y voyais au contraire un nouveau souffle, un retour progressif vers la liberté d’être et d’entreprendre.

Alors oui, en manque, un jour de février, j’ai traversé ma rue pour une dose (d’espérance), moins pour en éviter le gâchis face à la défiance du personnel soignant et des patients, libres de prendre leur temps, de se protéger, que par conviction profonde citoyenne, une forme de « courage » mesuré contre tous les bons conseils reçus de ne pas le faire, mais gardant en tête un passage d’André Comte-Sponville que je partage : «  Je ne suis pas sûr que le courage soit la vertu du commencement, du moins qu’il ne soit que cela, ou essentiellement cela : il en faut autant, et parfois davantage, pour continuer ou maintenir. Mais il est vrai que continuer c’est recommencer toujours, et que le courage ne pouvant être “ni thésaurisé ni capitalisé” ne continue qu’à cette condition, comme une durée toujours inchoative de l’effort, comme un commencement toujours recommencé…  » (extrait du Petit traité des grandes vertus).

Aujourd’hui, 25  millions de courageux ont dépassé leur peur… Est-ce que la société gardera la mémoire de cette période, est-ce vraiment derrière nous  ? Nul ne peut répondre pour l’instant. De mon côté, je garde un optimisme assuré  ! Je me suis replongée dans mes projets photographiques, tout en m’investissant dans mon boulot, même si ce n’est qu’une petite contribution à l’échelle de mon entreprise, elle existe.

Au fond, ce témoignage pour motiver ceux qui douteraient encore, ankylosés de ces longs mois d’hibernation sociale, à continuer et recommencer.

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