Inutile d’être ingénieur pour comprendre l’intelligence artificielle. J’ai créé à HEC le cours électif ARTificial : Artificial Intelligence in Service of Arts and Culture et l’académie Creating the First AI Art Gallery, pour comprendre l’intelligence artificielle par l’art, et redéfinir l’art par l’intelligence artificielle.

Ma thèse professionnelle portait sur la recommandation en littérature : comment savoir quel livre plaira à un lecteur ? Je me suis intéressée à l’apport de la technologie dans le domaine, et particulièrement des technologies qui apprennent en cherchant des motifs de répétition dans une base de données, à la manière d’un enfant qui apprend en reconnaissant des formes : c’est le principe du machine learning, l’une des principales formes d’intelligence artificielle. Cela m’a menée aux expériences développées par Google Arts & Culture, qui permettent par exemple d’organiser les sept millions d’œuvres de leur collection par similarité visuelle. J’ai travaillé comme coordinatrice du Lab, le centre de R&D de Google Arts & Culture, avant de me tourner vers l’écriture et l’enseignement.Depuis deux ans, l’électif a beaucoup évolué, pour montrer l’apport de l’IA à toutes les étapes de la création artistique, de l’inspiration à la commercialisation, et à toutes les disciplines : arts visuels, mais aussi danse, littérature, gastronomie, musique, bande dessinée…

Les étudiants ont apporté des exemples d’usage de l’IA dans la génération d’œuvres, dans l’adaptation des horaires et des tarifs des musées, dans la cocréation artistique, ou encore dans la personnalisation des jeux vidéo. L’approche est donc très pratique, riche en débats et en exemples, pour démystifier l’IA : ce n’est pas seulement la technologie de Terminator, c’est aussi cette application qui trouve votre sosie dans l’histoire de l’art, celle qui génère des épisodes d’Harry Potter que J.K. Rowling n’a jamais écrits, ou celle qui mesure le pourcentage de similarité entre votre karaoké de « Bohemian Rhapsody » et l’interprétation de Freddy Mercury. L’académie permet de confronter ces cours à la réalité des marchés de l’art et de la tech, grâce à des visites de Google, de galeries d’art et de start-up, ou encore à travers un débat sur la créativité de l’IA et des interventions de marchands d’art.

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