Je viens de lire qu’un sondage indique qu’une petite majorité des Français serait favorable à la peine de mort. Sans même discuter la crédibilité de ce sondage, revoyons le problème. Donner la mort est une violence faite à autrui. Répondre à une violence par une autre violence – la peine de mort –, est-ce justice ou vengeance ? En quoi le fait de réunir douze personnes pour décider qu’une autre personne n’est pas digne de vivre est-il légitime ? Ces personnes ont-elles une fois dans leur vie fait l’expérience de donner la mort – volontairement – à une autre ? J’ai un ami, condamné à mort aux USA en tant que « tueur en série », quand il était à peine pénalement majeur et et souffrait d’un problème psychologique – bipolarité. Il « vit » en prison depuis plus de trente ans grâce à la complexité du système américain qui permet d’introduire des recours et met des années à les traiter. Est-il digne de vivre ? Cela fait treize années que je le connais, et je sais qu’il s’est converti et aide ses compagnons à supporter leur infortune. J’ai pu entrer dans cette prison de haute sécurité et parler librement avec lui et d’autres prisonniers dans une atmosphère de totale confiance et cordialité. Dois-je l’avouer ? J’étais plus en sécurité avec eux qu’avec certains gardiens. L’un des condamnés nous a dit que ce qui est le plus difficile à supporter est la haine diffusée par certains de ces « défenseurs du droit et de l’ordre ». Non, ne faisons pas ce pas en arrière, ce retour vers une barbarie où la peine de mort ne garantit absolument pas la sécurité, comme le démontrent bien les statistiques des actes criminels dans les pays appliquant cette sentence. À l’époque où on s’inquiète de la disparition de certaines espèces animales, comment ne pas reconnaître la valeur de la vie humaine ?

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