« Pourquoi tu plantes des petits arbres ? Quand ils seront grands, tu seras mort », demande l’enfant, un brin provocateur.
« Quand ils seront grands je serai mort, et toi tu seras mort aussi, répond le père, car ce sont des chênes, et les chênes mettent 150 ans à être grands. » Il est fou, mon père, pense l’enfant.

Quarante ans plus tard, l’enfant, devenu chef de l’entreprise qu’il a créée, se souvient des mots de son père. Il se démène pour franchir les obstacles posés par le fisc (en France, pas en Allemagne), et par l’environnement qui tente de le persuader de vendre l’entreprise au plus offrant, probablement à des gens qui vont exploiter le fonds de commerce et supprimer ce qui coûte, la création, l’originalité, l’ambition. Encore dix ans, et il repense à son choix, pour conclure que le plaisir de voir prospérer et grandir l’arbre qu’il a planté, cultivé par ses enfants, vaut tellement mieux que les dizaines de millions qu’il n’a pas gagnés, dont il n’aurait su que faire… Le sage chinois avait raison : « il vaut mieux léguer des rêves que des pièces d’or ».

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