Dans le cadre de la Transition Énergétique, le GNL est appelé à jouer un rôle essentiel aussi bien sur le plan industriel qu’environnemental. Philippe Berterottière (H.82), président-directeur général de GAZTRANSPORT & TECHNIGAZ (GTT), un acteur de référence sur le marché des méthaniers pour le transport et le stockage du GNL, revient sur les principaux sujets qui mobilisent cette industrie.

Le secteur du transport du GNL connaît une croissance significative. Qu’avez-vous pu observer à votre niveau ?

Dans le mix énergétique, le GNL occupe une place importante et se positionne comme une solution énergétique très intéressante dans le cadre de la Transition Énergétique. Concrètement, il représente une solution pertinente pour pallier l’intermittence des énergies renouvelables, solaire et éolien notamment. En parallèle, dans de nombreux pays tels que la Chine, il est aujourd’hui utilisé pour remplacer le pétrole et le charbon, des énergies bien plus polluantes, pour générer de l’électricité.

La Transition Énergétique est un sujet qui mobilise le monde du transport maritime. Comment ce secteur et cette industrie appréhendent-ils cette dimension ?

Le transport maritime doit aujourd’hui se tourner vers des carburants plus propres émettant moins d’oxyde de soufre, de CO2 et de particules fines. Afin de limiter l’impact du transport maritime sur l’environnement, l’Organisation Maritime Internationale a annoncé qu’à l’horizon 2050, les émissions de ce secteur devront être réduites de moitié par rapport à 2008. Si l’on considère que la flotte mondiale, très raisonnablement, aura doublé d’ici là, les émissions devront ainsi être divisées par 4. Ces objectifs très ambitieux vont nécessiter des e‘orts soutenus de la part des armateurs et des solutions toujours plus innovantes, voire inconnues de nos jours, pour réduire significativement les émissions de carbone. Face à ces enjeux et ces constats, il est important de rappeler que le GNL permet, dans une certaine mesure, de répondre aux impératifs de réduction de la pollution. C’est également une solution plus économique que le pétrole.

Le secteur est aussi disrupté par des innovations technologiques et la digitalisation qui impactent fortement votre cœur de métier. Qu’en est-il ?

Les réglementations environnementales constituent un véritable enjeu technique pour les compagnies maritimes. Depuis déjà plusieurs années, GTT a adapté ses technologies utilisées par les méthaniers pour le transport du GNL afin de les décliner sur d’autres navires (pétroliers, ferry…) à des fins de propulsion. Dans ce cadre, nous travaillons beaucoup avec CMA CGM, leader mondial du transport maritime et de la logistique, pour l’utilisation de nos technologies sur leurs porte-conteneurs. Parmi les autres projets en cours, on peut également citer l’équipement d’un navire de croisière de haute exploration polaire pour la compagnie Ponant. Au travers de ces diérents projets, notre enjeu est de permettre à l’ensemble des acteurs du transport maritime de capitaliser sur nos technologies éprouvées depuis près de 60 ans. Nous nous intéressons également au digital qui permet non seulement d’optimiser le fonctionnement des navires, mais aussi de réduire leur consommation et in fine leur empreinte carbone. C’est une ambition qui anime l’ensemble de la profession et constitue un axe autour duquel nous concentrons nos efforts.

Quels sont les principaux projets et opérations qui vous monopolisent actuellement ?

“Nous voulons être reconnus comme la référence mondiale de cette industrie au travers de nos solutions. l y a en rance un potentiel technologique considérable porté par les compétences techniques et la qualité de nos ingénieurs.”

Nous avons un carnet de commandes bien rempli. Nous travaillons notamment sur les méthaniers qui vont transporter le GNL entre les zones de production et les pays consommateurs, essentiellement entre le Golfe du Mexique et les pays du Sud-Est asiatique, une route extrêmement longue. Nous concentrons également nos eorts sur les performances énergétiques des méthaniers qui ainsi émettent moins de gaz à eet de serre. C’est un axe stratégique pour GTT qui permet d’être en adéquation avec le marché, nos clients et les enjeux propres à la Transition Énergétique.Nous suivons également de près l’évolution de la pandémie Covid-19 et veillons en priorité à assurer la santé et la sécurité de nos partenaires et de nos collaborateurs. Le principal risque pour GTT consiste en d’éventuels retards dans le calendrier de construction de navires. Quelques retards ont été constatés aujourd’hui, mais sans impact significatif sur nos activités et notre performance. Les activités de GTT fonctionnent normalement, en dépit d’un contexte particulièrement di‹fficile.

Sur ce marché très spécialisé, GTT exporte non seulement son savoir-faire technologique, mais contribue également à faire rayonner l’excellence française. Quelles sont vos ambitions ?

Nous voulons être reconnus comme la référence mondiale de cette industrie au travers de nos solutions. Il y a en France un potentiel technologique considérable porté par les compétences techniques et la qualité de nos ingénieurs. Plus que jamais, GTT et la France ont toute leur place dans la compétition mondiale.

Philippe Berterottière (H.82), a d’abord été négociateur de contrats puis directeur du développement des affaires chez Airbus, avant de rejoindre Matra, en tant que directeur des ventes au sein de la division défense. Il intègre ensuite Arianespace où il a occupé différentes fonctions commerciales avant de devenir directeur commercial et membre du comité exécutif. En 2009, il rejoint GTT comme président-directeur général.

GAZ TRANSPORT & TECHNIGAZ (GTT) est une société française spécialisée dans la conception et le développement technologique dans le secteur du Gaz Naturel Liquéfié (GNL). La R&D, qui est au cœur de l’activité de GTT, permet à la société de renforcer son leadership sur le marché, et également de se positionner sur de nouveaux marchés tels que l’utilisation du GNL comme carburant marin.

Published by