Diplômé d’HEC Majeure finance en 1992, j’ai passé dix années de ma vie en banque d’investissement, entre l’Afrique du Sud, Londres et New York. De retour en France, et après de nombreuses années de forts bonus, de vie facile, j’ai souhaité rendre un peu de ce que j’avais gagné. J’ai cherché une cause à laquelle je pourrais être utile. Or tout le monde sait que l’on n’apprend rien dans la banque. J’ai mis de côté les maladies, les enfants, la solitude, car je n’aurais pas pu donner tout ce que je voulais.En désespoir de cause, je tombe à la fin 1990, sur une annonce au service des maisons d’accueil de l’ilot. Cette association est l’une des premières en France à agir en faveur de la réinsertion des anciens détenus. Elle compte 130 salariés, dont une bonne partie sont psychologues, 200 chambres et un président emblématique, Jean.

Cette association très en avance a aussi été la première à développer le bracelet électronique.En tant que membre du conseil d’administration, j’ai pu, à ma mesure, participer aux décisions importantes. Mais cela m’est apparu insuffisant. Jean m’a alors proposé de prendre la responsabilité d’un projet « unheard off » et porteur de forts enjeux en termes de seconde chance et d’accompagnement professionnel. Ainsi, Blue Group, via sa fondation, offre logement et CDI à des personnes qui sortent de prison. Nous offrons, grâce à nos entreprises partenaires, des postes dans tous les domaines administratifs et plus généralement derrière un bureau. Comment cela fonctionne ? Une entreprise propose à la fondation un contrat de sous-traitance dans un domaine tel que la gestion documentaire, l’administratif, l’archivage, la numérisation, la gestion de notes de frais, etc. Nous cherchons alors parmi les détenus les candidats qui auraient le bon profil pour exécuter le travail. La personne identifiée obtient alors souvent une remise de peine grâce à notre intervention auprès du juge d’application des peines.Le candidat entre alors en immersion via L’ilot pour tout simplement se réacclimater à la vie en société, et bénéficie d’une formation professionnelle auprès de Blue Group, avant de commencer à travailler pour la fondation.Il s’agit là d’un enjeu essentiel.

Ma conviction est que notre univers carcéral est une usine à la radicalisation. Plus de 10 000 individus n’ont pas de place attitrée aujourd’hui. Cela cultive un fort ressentiment à l’endroit de la République, et cela est peut-être une bombe à répétition de violence. Je recherche aujourd’hui des entreprises prêtes à nous confier des missions de prestations et ainsi contribuer à la réinsertion des anciens détenus.

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