Le mardi 24 septembre 2019, pour leur 6e escapade consécutive* depuis le 50e anniversaire de la promo, à l’invitation de Maïté et de Bernard Vergès (H.61) ancrés à Perpignan depuis toujours, 21 Alumni HEC de la promotion « Quo Vadis », accompagnés de 17 épouses ou compagnes donnent l’assaut à la citadelle des Rois de Majorque afin de découvrir cette fois… la Catalogne !

Après un excellent buffet d’accueil, depuis l’hôtel Windsor fort bien situé à proximité du Castillet, deux guides nous font découvrir la cité de Perpignan, ses allées et venelles, fortifications et autres lieux avant que les gosiers en pente ne se retrouvent pour le dîner à la brasserie Roma, seul vestige laissé ici par les Latins. Le 25, après un petit déjeuner roboratif, nous prenons la route du château cathare de Quéribus par la vallée de l’Agly. Sur le parcours, Bernard Vergès entreprend de raconter la longue histoire de cette région disputée qui ne deviendra française que lors du traité des Pyrénées en 1659. Le ciel est chargé et les choses se gâtent au pied du château où nous sommes accueillis par une tramontane qui décoiffe et par une guide sportive dont la progression et les propos seront difficiles à suivre, vu la topologie des lieux. Néanmoins, échauguettes pour recevoir dignement d’éventuels assaillants, meurtrières pour les archers et canonnières pour l’artillerie n’auront bientôt plus de secrets pour nous. Après la croisade contre les Albigeois, Quéribus deviendra une redoutable citadelle des rois de France face au royaume d’Aragon. Après cet épisode sportif et réfrigérant, le chaleureux accueil de la famille Dornier au Clos de vins d’Amour, à Maury, fut très apprécié. Au menu : exposé œnologique, dégustation des produits de la maison et, sur une longue table dressée dans un cuvage des plus modernes, mémorable repas à base de grillades catalanes. Après quelques incontournables emplettes en prévision des soifs à venir, nous rejoignons (avec un retard aussi explicable que regrettable !) le Centre européen de recherches préhistoriques de Tautavel. Nous y sommes reçus par l’éminent professeur Henry de Lumley, « inventeur » en 1971 de « l’Homme de Tautavel » (450 000 ans !).

Malheureusement, la conférence sur l’évolution morphologique et culturelle de l’homme tourne court en raison de notre retard et de son retour anticipé vers Paris du fait d’une grève. Conférence aussitôt remplacée par une démonstration brève mais magistrale (et en gants blancs !) sur l’évolution des têtes d’hommes sur 3 millions d’années devant les reproductions qu’apportent avec précaution les collaborateurs du maître. Puis nous regagnons Perpignan et notre hôtel où le professeur Jean-Luc Antoniazzi nous attend en embuscade. Cet historien brillant et énergique nous fait, à partir de la projection de magnifiques photos, une superbe présentation de l’art témoin de son temps tel qu’on peut le trouver à Perpignan et dans les monastères et églises de Catalogne. Enfin, près du canal, Le Mess nous reçoit avec son apéritif agréablement alcoolisé pour retaper les organismes un peu épuisés. Le jeudi 26 au matin, nous voilà repartis pour l’Espagne que nous abordons par le col du Perthus.

Le car s’arrête à quinze minutes de l’Abbaye de Sant Pere de Rhodes que nous rejoignons par un cheminement dominant la Méditerranée et le Cap de Creus. Visite avec une jeune guide espagnole gaie et compétente qui nous enchante souvent de ses approximations linguistiques. Avec elle, nous découvrons les caves impressionnantes et les richesses architecturales que les Bénédictins ont posées sur ce rocher d’où la vue est à couper le souffle. Ce monastère fut l’un des trésors de l’art catalan aux XII et XIIIe siècles et un centre du pouvoir spirituel, politique et économique de son époque. On évoque le portail de marbre du XIIe, hélas disparu, du sculpteur Cabestany dont seuls subsistent deux petits fragments. Aux alentours, de multiples restanques témoignent du développement de la vigne que les moines cultivèrent longtemps avant d’abandonner le site en 1798. Le monastère fut classé monument historique en 1930.Après un déjeuner sur place à base de spécialités régionales, nos jambes et le bus nous ramènent par la Côte Vermeille successivement vers Lorca, Cerbère, Port-Vendres et Banyuls-sur-Mer jusqu’à Collioure. Là, prise en main par deux accortes guides pour une visite de la ville vue par Derain et Matisse et les créateurs du fauvisme. Un excellent dîner, précédé d’une dégustation des vins de Banyuls par Marc Parce, conclut la journée au Jardin de Collioure.

Les escargots cuits sur la braise et la Zarzuela catalane viennent à bout de notre fringale culturelle. Après de brèves allocutions, nos camarades Michel Tavernier (notre délégué) et Bernard Vergès (notre hôte) ainsi que son épouse Maité, sont récompensés par des cadeaux aussi somptueux que mérités ! Le 27, l’aube du dernier jour fut là. Quelques-uns nous quittèrent pour regagner des pénates éloignés. La majorité reprit le car pour la vallée de la Têt. Belles vues sur le pic du Canigou (2 884 m) si cher aux Catalans. Une première visite à l’Abbaye Saint-Michel de Cuxa complète notre connaissance de l’art roman régional. Construite au XIe siècle par l’évêque grand bâtisseur Oliba, elle vit son cloître détruit sous la révolution. Il a été partiellement reconstruit sur place, le reste faisant aujourd’hui les beaux jours du Cloisters Museum à New York ! En 1954, Pablo Casals inaugure le festival éponyme dans l’église encore dépourvue de toit. À midi, nous rejoignons la ville fortifiée de Villefranche-de-Conflent, surplombée par un fort remanié par Vauban dès 1669. Visite et ultime collation sous les tilleuls de l’Auberge de Saint-Paul.

De retour à Perpignan, séparation toujours émouvante sous le soleil. Mais nous savons déjà que nos camarades du Nord, Jan et Françoise Laarman et Vincent et Chantal Toulemonde, nous attendent en 2020. Quelle superbe perspective !

* Successivement, découverte de Lyon, du Morvan, de Marseille, de Düsseldorf, de Rodez et de l’Aveyron, cap sur Perpignan et la Catalogne… avant Lille et le Nord en 2020 !

Robert Lapandery (H.61), sur la suggestion de Michel Tavernier (H.61), délégué

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