.. sur la crise de la Covid-19 et ses conséquences.Le cercle économique du Club Generation Share a organisé deux enquêtes sur le sujet en avril et mai.

Premier constat, au vu des réponses fournies par les participants : notre groupe n’est pas très optimiste. En effet, 55 % d’entre nous envisagent une reprise en U, voire en W. Pour sortir de l’ornière, l’intervention de l’État est souhaitée, mais on craint qu’il ne s’incruste. Son rôle de soutien doit n’être que ponctuel et se limiter aux fonctions régaliennes. On admet, eu égard aux circonstances, que l’État ait à jouer un rôle de stratège industriel, mais certains, inquiets de l’augmentation des dépenses publiques, préconisent un alourdissement de la fiscalité. Hélas, une contradiction apparaît : accroître (encore) les impôts avant de nombreuses années, ce serait comme verser de l’acide sur les plants de tomates. Nous comptons (à 85 %) sur la coordination européenne pour nous tirer d’affaire. Au sein de celle-ci, c’est la BCE qui nous paraît être de loin (57 %) le meilleur recours. Est-ce parce que nous pensons que Mme Lagarde, marchant sur les traces de M. Draghi, fera whatever it takes pour sauver l’économie ? Mais l’UE est tiraillée par deux contradictions : celle de la croissance et de l’orthodoxie financière, d’une part, celle de la même orthodoxie et de la solidarité Nord-Sud, de l’autre. Ce qui se ramène à une opposition fondamentale : le Sud veut de la croissance, donc du soutien, le Nord tient à préserver l’épargne. C’est dans les crises que l’on mesure la solidité des unions.

La solidarité européenne, cette foi fragile en un avenir commun, existe-t-elle encore ? Si nous nous déclarons farouchement opposés à la fermeture des frontières commerciales, nous sommes à une très forte majorité (91 %) partisans du rapatriement des productions stratégiques. La pénurie de paracétamol aura frappé nos esprits. Mais la difficulté à distinguer ce qui est stratégique de ce qui ne l’est pas a été mise en lumière au cours de nos discussions. Et les moyens d’encourager ce rapatriement restent à débattre. Nous jugeons, d’autre part, légitimes un peu de préférence européenne et le souci de défendre nos entreprises contre des prédateurs étrangers. ’urgence sanitaire n’a pas coupé court aux préoccupations d’ordre écologique. On s’accorde sur la nécessité de traiter ces questions dans un cadre européen, mais les avis divergent quant aux moyens à mettre en œuvre. Certains préconisent d’alourdir la taxe carbone, d’autres rappellent que c’est cette taxe qui a lancé le mouvement des gilets jaunes.

D’autres pensent que ce n’est pas le moment de taxer et qu’il faut privilégier des solutions écologiques favorables à l’activité. Conditionner les aides de l’État à des engagements écologiques de la part des entreprises ? Cela ne paraît être une bonne idée qu’à la moitié d’entre nous. Et ne devrait-on pas dénoncer les excès du capitalisme, qui a pu aggraver les effets de cette crise ? Les rémunérations excessives des dirigeants, la recherche du profit à court terme, la spéculation, la délocalisation : notre enquête a ainsi pu mettre en lumière les aspects du capitalisme que certains jugent négatifs. Une fois ces réserves émises, quels types d’actions serions-nous prêts à acheter en Bourse ? Eh bien, nous sommes 69 % à préférer les valeurs à forte volatilité (high-tech et start-up). En somme, nous voyons le monde avec une certaine appréhension, mais au fond, nous restons résolument optimistes. C’est une quasi-évidence : HEC, apprendre à oser !

Anthony Shea (H.68)

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