Jeudi 23 mars, le Club HEC Transition organisait un atelier de la Fresque du Climat,  jeu de cartes pour sensibiliser aux mécanismes du réchauffement climatique, pour les alumni. Une session de travail qui coïncidait avec la sortie du dernier rapport du GIEC. Face à l’urgence, la pratique est-elle utile ?

Cette semaine, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a publié son sixième rapport sur le changement climatique. Une synthèse de huit années de travail et un constat toujours aussi alarmant. Le panel d’experts y souligne que les organisations publiques et privées devraient investir « trois à six fois plus » pour limiter le réchauffement à 2 °C ou 1,5 °C. La résilience climatique ne sera atteinte que « quand les gouvernements, la société civile et le secteur privé feront des choix de développement éclairés sur la réduction des risques, l’équité et la justice ». Alors, comment mettre tout le monde en mouvement, en particulier chez HEC ?

Pour les membres du Club HEC Transition, expliquer factuellement des mécanismes complexes est une manière efficace de faire bouger les choses. Cette semaine, ce club qui œuvre pour un monde plus durable organisait une Fresque du Climat à l’hôtel Le Marois. Organisé aussi bien chez Bouygues que dans les écoles primaires, ce jeu de cartes basé sur les données du GIEC rencontre un franc succès depuis 2018. À l’aide de 42 cartes, les participants sont encouragés à nouer les liens entre activités humaines, production de gaz à effet de serre, acidification des océans et catastrophes naturelles.

Linjie Wang, co-animatrice de la Fresque du Climat, en pleine explication climatique auprès d’un groupe d’alumni.

« Tout le monde sait ce que c’est le CO2 ? » « La toundra, c’est suédois ! » Non, ce n’est pas un cours de chimie ou de géographie, mais une poignée de diplômés MBA ou EMBA qui s’affaire autour de cartes éducatives sur la calcification ou la biodiversité marine. Ces décisionnaires et entrepreneurs cherchent à comprendre, par curiosité personnelle ou par désir de mettre en application certains principes dans leur vie professionnelle, les mécanismes du dérèglement climatique. « On résume 2000 pages de rapport dans un atelier, glisse Christophe Meunier-Jacob (E.10), co-animateur, consultant en transition écologique et membre des Shifters. À l’équipe de remettre dans l’ordre de causes à conséquences. Cet atelier fait appel à l’intelligence collective. » Effectivement, entre alumni, les discussions vont bon train sur la forêt amazonienne, les AMAP et l’agriculture locale.

Laura-Nabet Martin (H.11), co-animatrice de la Fresque du Climat pour HEC Transition.

« Mon grand-père disait : “C’est pas Versailles, ici !” »

Une approche plutôt douce pour un problème urgent, c’est ce qui semble plaire aux participants présents ce jour-là. « Je ne crois pas en une écologie de l’indignation. Je suis pour une société de la responsabilité individuelle, explique Antoine Beraldi (E.12), entrepreneur qui a passé plus de vingt ans dans l’immobilier et les spiritueux. Sur les réseaux sociaux, on voit beaucoup de gens qui participent à cette Fresque du Climat, et moi, par curiosité, j’avais envie de le faire. » Après s’être penché avec son groupe sur les cartes à jouer, il repart avec une meilleure compréhension de « la chaîne de déconstruction de la planète ». Les impacts des industries humaines au fil du temps l’ont marqué. Le jeu amène inévitablement une réflexion sur le temps qui passe, ravivant les souvenirs d’une époque où l’énergie coûtait cher. « Mon grand-père disait toujours : “C’est pas Versailles, ici !” En trente ans, on a complètement perdu ça. »

Les participants saluent la visée pédagogique de l’exercice, comme Fleur d’Harcourt (H.12), dirigeante dans l’édition, qui vient d’apprendre que la fonte de la banquise ne faisait pas monter les eaux. « Ce n’est pas exactement ce qu’on croit. » Elle se préoccupe d’un futur qui réconcilierait monde du travail et visées écologiques. « Dans mon univers, la question est de voir la façon dont les politiques RH peuvent intégrer cette préoccupation des salariés, ce besoin de savoir que leur entreprise en a conscience. » Une prise de conscience qui a frappé de plein fouet Laura Nabet-Martin (H.11). « J’ai une petite fille, j’ai envie qu’elle puisse vivre dans un monde tenable », confie-t-elle. Amatrice des méthodes collectives pour sensibiliser, elle est animatrice de la Fresque du Climat depuis plus d’un an. « Cela permet de modéliser les choses. La première étape pour agir, c’est de comprendre. Ce qu’on perçoit actuellement, c’est que les choses ne vont pas assez vite. »

En parallèle de cette fresque avec les alumni, HEC Transition est aussi intervenu à Jouy-en Josas. Dans le cadre de la CEC Consulting (Convention des entreprises pour le climat) qui s’est tenue sur le campus de HEC Paris, des jeunes membres d’HEC Transition, Valentine Japiot (H.23), Louis Fidel (H.23) et Charlotte Lambert (H.20), sont intervenus auprès de 40 cabinets de conseil pour parler des attentes des jeunes envers les métiers du conseil. À l’heure où un nombre croissant d’étudiants préfèrent choisir un cabinet spécialisé en transition qu’un cabinet généraliste, face aux professionnels, le groupe a martelé son slogan : « Soyez plus éco-furieux que nous ! » Un autre ton que la fresque du climat.

 

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