Les lions fascinent. Aujourd’hui, leur avenir est incertain. En 1977, 100 000 lions vivaient encore à l’état sauvage en Afrique. En 2017, les estimations n’étaient plus que de 20 000 lions, sachant que seulement une petite dizaine de pays – dont le Kenya et la Tanzanie – possèdent encore des populations de lions supérieures à 500 individus, seuil minimum pour éviter la consanguinité de l’espèce dans une zone géographique donnée, et donc assurer sa survie à moyen terme. Les causes de ce déclin sont multiples : réduction de l’habitat en raison de l’évolution démographique humaine (les lions n’occupent plus désormais que 5 % de leurs territoires initiaux), braconnage, trafic de lions vivants. La majorité des parcs nationaux se situent en effet sur d’importantes zones géographiques couvrant deux ou trois pays, ce qui constitue de véritables zones de non-droit. Mais plus encore, les lions sont au coeur d’enjeux commerciaux qui concernent quasiment tous les continents. La chasse aux trophées, les zoos, les cirques et, depuis peu, l’utilisation des squelettes de lions pour la fabrication de produits traditionnels asiatiques (lion bone trade). Pour répondre à cette demande, des camps d’élevage de lions ont fait leur apparition en Afrique du Sud. Il y aurait aujourd’hui près de 8 000 lions parqués dans ces établissements. Exploités entre 0 et 2 ans par l’industrie touristique (selfies, nourrissage des lionceaux au biberon), ces lions seront vendus, à l’âge adulte, à des opérateurs pratiquant le canned hunting.

Qu’est-ce que le canned hunting ?

Il s’agit d’une chasse aux trophées en enclos. Le lion est choisi sur catalogue, mis sous sédatif léger afin de ne présenter aucun danger pour le chasseur amateur, puis placé dans un petit enclos où il sera abattu au fusil ou à l’arbalète. 800 à 1 000 lions finissent ainsi chaque année. Dans ce contexte, je suis partie à la rencontre de ceux qui protègent les lions. Parce que les lions ont un rôle dans l’écosystème. Parce qu’ils ont une organisation sociale complexe qui ne peut se mettre en place que dans des espaces naturels. Parce que si les lions sont désormais « produits » en masse, il me semble important de communiquer sur le fonctionnement de cette économie. Exemple : faire un selfie avec des lionceaux dans une ferme d’élevage semble anodin, mais si l’on sait ce que deviennent ces lions, cet acte à une tout autre portée. In fine, c’est une responsabilité autant collective qu’individuelle. En d’autres termes, serons-nous la génération qui aura laissé faire sans agir ? Pour moi, la réponse est non.

Quelles sont les structures qui protègent les lions ?

Après deux expériences en Afrique du Sud dans des refuges de lions – dont celui de Kevin Richardson –, je peux affirmer que les structures qui ont pour véritable vocation la protection des lions sont celles qui ne pratiquent pas l’élevage de lionceaux. Devenir volontaire pour quelques semaines au sein de ces refuges permet de les aider financièrement et de faire circuler l’information, afin d’engendrer un cercle vertueux. Votre quotidien sera celui d’un lion keeper, à savoir : nourrissage des lions, check & cleaning des enclos, le tout dans une ambiance familiale. À l’inverse, les parcs qui permettent l’interaction des touristes avec des lionceaux ou de jeunes lions sont tous liés, de près ou de loin, au commerce des lions. Enfin, d’autres structures, comme ADI, mènent des actions d’envergure internationale à l’encontre des cirques et ont ainsi permis à plusieurs dizaines de lions de rejoindre des refuges dignes de ce nom.

Pour plus d’informations Kevin Richardson Wildlife Sanctuary : www.lionwhisperer.co.za Blood Lions : www.bloodlions.org Animal Defenders International : www.stopcircussuffering.com

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