Au-delà de l’analyse des critères financiers et d’une prise en compte systématiques des critères ESG, repérer les sociétés « à impact » suppose de définir des indicateurs de mesure d’impacts pertinents et également d’analyser l’intention/mission de chaque entreprise et la stratégie que cette dernière déploie en ce sens. Analyse d’Alain Pitous, directeur de la finance responsable d’OFI AM et Béryl Bouvier Di Nota, directeur adjoint des actions européennes et gérante des stratégies d’impact actions européennes de la gamme ACT4 à OFI AM.

Mettre en place une méthodologie adaptée et rigoureuse pour mesurer l’« impact » de chaque entreprise est nécessaire

Investir dans des entreprises qui ont un impact positif sur l’environnement et la société est au cœur de la démarche d’OFI Asset Management. Mais pour mesurer cet « impact positif » des entreprises, il faut qu’il y ait une méthodologie adaptée et rigoureuse. Investir dans une entreprise performante sur le plan financier implique de sélectionner des valeurs achant des perspectives de croissance et de profit favorables, des ratios financiers attractifs, un endettement maîtrisé… Mais comment mesure-t-on la performance extra-financière d’un émetteurƒ? La difficulté de l’exercice réside dans le fait que l’impact recherché peut di†fférer d’une société et d’un secteur à l’autre. Pour une entreprise de services à l’environnement, il pourra s’agir par exemple de mesurer le volume de déchets traités, pour une autre la quantité d’eau potable produite, pour une autre enfin d’améliorer la santé des clients qui consomment ses produits…

OFI Asset Management a mis en place son propre référentiel d’indicateurs de mesure d’impact

Étant donné que l’impact doit être mesurable en fonction d’indicateurs spécifiques et adaptés à l’activité de chaque entreprise, OFI AM a constitué pour les actions européennes son propre référentiel d’indicateurs de mesure d’impacts, à partir de quatre sources de référenceƒ:

– les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) définis par l’ONU. En transposant ces ODD à l’échelle de chaque entreprise, il devient possible d’identifier en quoi chacune d’elles participe, ou non, à remplir les objectifs universels du développement durableƒ;- l’IRIS (Impact Reporting and Investment Standards) du Global Impact Investing Network (GIIN) : 559 indicateurs qualitatifs et quantitatifs répartis dans une dizaine de secteurs d’activitéƒ;- le WDI (Work Disclosure Initiative)ƒ: 139 questions pour évaluer la manière dont les entreprises gèrent leurs collaborateurs aussi bien dans leurs opérations directes que dans leur chaîne d’approvisionnementƒ;

– le GRI (Global Reporting Initiative) : 79 indicateurs de performance pour reporter sur les impacts économiques, environnementaux et sociaux.En matière d’investissement à impact, l’investigation du gérant ne se limite pas aux seuls critères ESG (critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) qui sont aujourd’hui relativement bien codifiés. L’impact de bonnes pratiques ESG se traduit par exemple par une évaluation du volume d’émission carbone de l’entreprise et ses objectifs en matière de réduction de CO2, ou les eff†orts déployés en matière de formation des salariés, la part des membres indépendants au sein de son conseil d’administration,autant d’indicateurs que nous allons chercher à mesurer.

Outre la mesure des indicateurs pertinents pour chaque société en fonction de son secteur et son activité, il s’agit également d’analyser l’engagement et l’ambition de l’entreprise à générer un impact positif en écartant le risque du « slogan publicitaire ». Or,la loi Pacte encourage désormais le sentreprises françaises à se doter d’une« raison d’être ». Les plus motivées d’entre elles peuvent même adopter le nouveau statut juridique d’entreprise« à mission ». Une démarche que nous soutenons aussi, au sein d’OFI Asset Management, et que nous accompagnons d’un véritable référentiel d’analyse pour évaluer la réalité de l’intention de l’entreprise et sa traduction concrète dans les faits. En e…ffet, rien de plus délétère que d’afficher une « raison d’être » qui,finalement, ne se retrouverait pas dans l ’organisation de l’entreprise et dans ses choix stratégiques.

« Mission For » : un dispositif articulé autour de trois axes

Le dispositif d’analyse propriétaire baptisé « Mission For » s’articule autour de trois axes clés‰:- la formalisation de l’intention/mission qui permet de distinguer les entreprises qui ont formalisé leur mission, de juger de leur pertinence, de la place juridique occupée par cette mission‰;- l’intégration de l’intention/mission dans la stratégie de l’entreprise afin de vérifier si elle a mis en place des objectifs, des échéances et des mesures sur l’avancée de ces objectifs‰;- l’intégration de l’intention/mission dans la structure de gouvernance afin d’analyser si les organes décisionnaires de l’entreprise sont adaptés à la bonne di…ffusion et exécution de cette mission.À l’issue du processus d’analyse qui attribue une note à chaque émetteur,« Mission For » permet de classer les entreprises en quatre catégories d’intention‰: « forte », « avancée », « modérée » et « insuffi†sante ». En privilégiant les entreprises « à impact »positif, nous pensons en e…et qu’il s’avère non seulement pertinent d’investir dans des émetteurs qui disposent d’une notation ESG satisfaisante, mais aussi dans les entreprises utiles à la société, qui fournissent les produits et les services à même de contribuer positivement en répondant aux Objectifs de Développement Durable (ODD) énoncés par l’ONU en 2015. Grâce à leur positionnement, ces entreprises tournées vers une économie positive, plus inclusive et plus durable, ont toutes les chances de répondre aux nouvelles attentes des investisseurs engagés.

Danone : un exemple d’entreprise à« intention forte »

Prenons l’exemple de Danone, qui se distingue au sein de la grille d’analyse« Mission For » dans la catégorie« intention forte ». Le groupe dirigé par Emmanuel Faber s’est doté de la« mission » d’apporter la santé par l’alimentation au plus grand nombre.Au-delà de l’intention affi†chée, Danone s’efforce d’améliorer en continu les valeurs nutritionnelles de ses produits et cherche systématiquement à promouvoir des alternatives plus saines pour la santé.En outre, l’entreprise met l’accent sur les relations sociales en son sein et sa gouvernance (les S et G des critères ESG). Ainsi, la création d’une gouvernance participative pour permettre aux collaborateurs de partager leurs points de vue sur la feuille de route et la décision de conditionner la rémunération variable du CEO et de 1‰500 managers à l’atteinte d’objectifs sociaux et environnement aux témoignent de l’engagement de l’entreprise agroalimentaire.

Alain Pitous est diplômé de l’Edhec. Il est directeur de la finance responsable d’OFI AM depuis 2019.Il bénéficie d’une solide expérience dans la gestion, la connaissance des clients et l’ISR. Auparavant, il a été directeur général associé de Talence Gestion, directeur des gestions de Société Générale AM, directeur adjoint des Gestions d’Amundi, responsable gestion d’Amundi Patrimoine.
Béryl Bouvier Di Nota est titulaire d’un DEA de sciences économiques, Béryl est directrice adjointe des ac-ions européennes et gérante de stratégies à impact chez OFI AM depuis 2015. Auparavant, elle a été responsable des gestions « Smid Cap » Europe chez Amundi et Société Générale AM, à la directionmarketing de Baring AM et analyste à la Banque Indosuez.

OFI ASSET MANAGEMENT bénéficie d’une expertise de près de 25 ans dans le domaine de l’ISR. Fort d’une expertise à la fois en gestion collective et en gestion sous mandat, sur les actifs cotés et non cotés, le groupe propose une offre adaptée aux besoins d’une clientèle diversifiée d’institution-nels, de distributeurs et de particuliers.

Published by