L’ état des lieux par Marie Floquet (H.02)
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Espaces indépendants dédiés à l’initiative et au lien social, les tiers-lieux sont fragilisés par la crise. Ils ont pourtant leur place dans le monde d’après.
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Ce n’est ni le travail, ni le domicile, c’est un troisième endroit. Espaces de coworking, fablabs, repair’cafés et friches culturelles, les tiers-lieux contribuent au dynamisme de la vie locale. « On y trouve des actions culturelles et artistiques, des ateliers pédagogiques, des conférences et des débats… Ce sont des espaces de rencontres où règne une grande liberté : il y a une diversité de prises de parole et d’activités, qui peuvent se superposer ou entrer en corrélation », décrit Marie Floquet (H.02), qui gère trois tiers-lieux parisiens pour l’agence Sinny&Ooko. Somme de multiples initiatives, les tiers-lieux sont uniques, mais ont en commun d’être gratuits et ouverts à tous. Les jeunes et les seniors s’y croisent, les travailleurs indépendants peuvent s’y connecter au Wi-Fi et toutes les catégories sociales se mélangent.
Tissu associatif
Pendant le confinement, les tiers-lieux sont restés fermés. Mais pas inactifs. À la Cité fertile, installée sur le site d’une ancienne gare de marchandises à Pantin, l’association Pantin Family a fabriqué et distribué gratuitement des masques en tissu aux professionnels non soignants. Les locaux ont également servi d’espace de stockage pour les denrées alimentaires du Secours Populaire. « Les tiers-lieux accueillent toute l’année des associations et des collectifs, explique Marie Floquet. C’est assez naturel que nous nous soyons engagés avec eux. » À la Recyclerie, dans le 18e arrondissement de Paris, la distribution de produits en vente directe pour La Ruche Qui Dit Oui a bondi de 50 %. « Les gens y ont vu un moyen de soutenir les producteurs locaux pendant la crise… et d’éviter la foule des supermarchés », analyse-t-elle.
En France, 1 800 tiers-lieux se mobilisent pour une mission d’intérêt général.
Imaginer l’avenir
Mais la crise menace ces établissements du troisième type. Les tiers-lieux se financent grâce à leurs activités de bar ou de restauration, et à la privatisation de leur espace pour des entreprises. « Or la distanciation sociale pose question : on entend qu’on ne pourra plus organiser d’événements avec tant ou tant de personnes avant très longtemps, s’inquiète Marie Floquet. Première conséquence : des personnes dont le lieu devait ouvrir prochainement ne sont plus soutenues par les banques… » Pour rappeler la mission d’intérêt général des 1 800 tiers-lieux du territoire, elle défend dans une lettre ouverte l’idée que ces endroits où s’expérimentent de nouvelles façons de travailler et d’entreprendre, où se pratiquent l’inclusion et la mixité sociale, « sont déjà le monde d’après ». C’est dans les lieux alternatifs que se créent les alternatives.
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Published by La rédaction