Entretien avec Jean-Pierre Saad (H.04), Managing Director Private Equity et Vincent Policard (H.95), Partner au sein de la division Energie et Infrastructure de KOHLBERG KRAVIS ROBERTS & CO.

Parlez-nous de vos fonctions et de la typologie de projets sur lesquels vous êtes amenés à intervenir.

Jean-Pierre Saad : Si le Private Equity est le métier historique de KKR, depuis les années 2000, nous avons élargi notre offre vers les fonds de crédit, d’immobilier et d’infrastructure, ainsi que les fonds de capital croissance. En Europe, une équipe de 15 personnes est dédiée aux secteurs de la Technologie, des Médias et des Télécoms. Nous cherchons des opportunités d’investissement dans les entreprises opérant dans ces secteurs pour les aider à se développer davantage et croître à l’international. Nous investissons à partir de 50 M€ dans des sociétés à forte croissance ou dans des sociétés plus mûres et dans des structures de LBO traditionnels, un marché où nous avons développé une forte expertise locale et où nous apportons une connaissance approfondie de la Tech et de ses soussecteurs. Nous pouvons aussi investir dans toutes les tranches de la structure du capital (dette senior, junior et instruments hybrides). Nous pensons que la France est un terreau très intéressant pour le secteur de la Tech avec des talents nombreux et une culture d’ingénierie et d’innovation très forte. Nous cherchons le prochain Elon Musk ou Jeff Bezos qui serait Européen et très probablement Français ! Il ne nous reste donc plus qu’à le trouver !

Vincent Policard : Être Partner dans une activité d’investissement couvre de multiples facettes : l’identification des opportunités d’investissement ; l’exécution des opérations d’acquisition ; le suivi ; la gestion de la relation avec les investisseurs ; ou encore le management de l’équipe en charge de l’activité. Si le secteur de l’infrastructure est généralement associé à des investissements passifs, la vision de KKR repose sur une approche active. Plus de 10 ans après ce choix stratégique, les autres acteurs du marché de l’infrastructure adoptent aussi ce positionnement. Depuis plus de 40 ans, KKR a ainsi développé des compétences avérées et une légitimité mondialement reconnue. Cette expertise nous permet d’investir dans des sociétés à fort potentiel comme Coriance, une PME française spécialisée dans la cogénération et les réseaux de chaleur. Aujourd’hui, Coriance est le groupe français qui a le plus de centrales de cogénération verte à destination des collectivités.

« Sur les 75 Partners chez KKR, 4 sont Français : c’est la 2e nationalité représentée, après les Américains ! »

En parallèle, vous évoluez dans un environnement très anglo-saxon. Que retenez-vous de cette culture du travail ?

J-P.S. : Si le monde de la finance et de l’investissement reste dominé par la culture anglo-saxonne, KKR ne peut pas être défini uniquement comme un fonds américain. Nous avons un très fort ancrage en Europe avec une équipe entièrement européenne. V.P. : Même si KKR est une icône du capitalisme américain et le pionnier de l’industrie de la Private Equity, nous sommes présents depuis très longtemps en Europe. Mais au-delà de cette présence physique, notre philosophie s’appuie sur l’idée que les décisions doivent être prises par les personnes qui ont une connaissance intime des marchés et des secteurs dans lesquels nous opérons. C’est particulièrement vrai dans le cas de l’infrastructure, où les problématiques sont souvent locales. Pour l’anecdote, sur les 75 Partners chez KKR, 4 sont français : c’est ainsi la 2e nationalité représentée, après les Américains !

Sur un plan plus personnel, quels sont les acquis de la formation d’HEC sur lesquels vous capitalisez encore dans le cadre de vos fonctions ?

J-P.S. : C’est grâce à HEC que j’ai développé un intérêt pour la finance d’entreprise puisqu’en tant qu’ingénieur, je m’y connaissais très peu ! J’en garde d’excellents souvenirs et je suis fier d’appartenir à un réseau aussi large et diversifié que ce soit en France ou à l’international. HEC a été le tremplin qui m’a permis de passer du monde technique de l’ingénierie à celui de la finance et de l’investissement. C’est une excellente école aussi bien pour les personnes qui ont suivi le parcours Grande École, que celles qui ont choisi un parcours plus diversifié. V.P. : Ayant fait une majeure Finance, les compétences que j’ai pu acquérir durant la formation m’ont permis d’être opérationnel dès ma première prise de fonction au sein de BNP Paribas. En outre, HEC apporte une très bonne formation généraliste et qui permet de développer la capacité à travailler en groupe. J’ai aussi beaucoup apprécié l’ouverture à l’international grâce aux stages à l’étranger et l’interaction avec des professeurs venant du monde entier. Aujourd’hui, plus que jamais, toute carrière d’envergure doit avoir une dimension internationale. L’enjeu est donc de se frotter le plus tôt possible à cette diversité. Enfin un conseil aux diplômés : bien choisir sa première expérience professionnelle car les grands acteurs du monde de l’investissement cherchent des profils avec une expérience préalable pertinente pour le métier d’investisseur.

Jean-Pierre Saad (H.04) a rejoint KKR en 2008. Il est aujourd’hui responsable des Investissements Technologiques et Télécoms dans la région EMEA. Avant de rejoindre KKR, il a travaillé au sein de Lehman Brothers à Londres. Il est titulaire d’un diplôme d’ingénieur en informatique et communication de l’Université Américaine de Beyrouth. Il a participé à plusieurs investissements comme Exact Software, OVH, SoftwareONE, United Group et Legrand.

Vincent Policard (H.95) a rejoint KKR en 2012 après quinze ans d’expérience dans le monde de la banque et de l’investissement. Chez KKR, il a participé à de nombreux investissements : Renvico, Coriance, ELL, Q-Park, Hivory… Auparavant il avait passé plus de 10 ans chez Morgan Stanley, en tant que Directeur Exécutif des fonds d’infrastructure en Europe.

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