Kevan Jaber (H.26) : Rêve d’Enfance soigne le moral des enfants malades
Association humanitaire portée par des étudiants d’HEC, Rêve d’Enfance cherche à sortir les enfants malades de leur quotidien morose à l’hôpital par le biais d’excursions en tout genre. Son président, Kevan Jaber (H.26), nous en dit plus sur les dessous d’une si belle initiative. Portrait d’un étudiant au grand cœur.
Kevan Jaber n’a pas une idée arrêtée sur son avenir. Sortant d’une prépa à Ginette, il est actuellement étudiant en double diplôme à HEC Paris et à l’ENSAE Paris. Bien que le métier d’ingénieur le séduise, l’étudiant émérite estime pour l’instant que son diplôme est simplement une façon d’acquérir un large panel de compétences techniques tout en épousant une dimension économique et internationale. Si sa vocation est encore floue, une chose s’inscrit dans la durée pour lui : son engagement sans faille pour l’humain. « Je voulais donner du sens à mon parcours et je n’imaginais rien d’autre que des actions humanitaires ! Je voulais pouvoir me dire que je n’étais pas juste à HEC pour travailler mes cours, je voulais également développer mes compétences en tant qu’humain, c’est la valeur la plus importante à mes yeux », confie-t-il.
Un engagement de longue date
Déjà au lycée, il devient ambassadeur de Vision du Monde. Cette association de collecte de fonds vise à financer l’installation de puits, de filtres à eau ou encore de sanitaires dans les pays en développement. Mais elle a également pour mission d’améliorer les conditions de vie des enfants en répondant à leurs besoins essentiels dans les domaines de la santé, de l’alimentation, de l’eau potable ainsi qu’en matière d’éducation.
Kevan œuvre donc activement au sein de son établissement scolaire pour défendre et diffuser les valeurs portées par cette ONG. Il participe également à l’organisation du « marathon » Global 6K for Water le 5 mai 2019. Une course de six kilomètres pour symboliser la distance que doivent parcourir les enfants pour aller chercher de l’eau. « On a également réalisé une jolie levée de fonds à cette occasion, c’était une très belle expérience. Avoir la chance de pouvoir mettre un pied dans l’univers du bénévolat au lycée m’a permis de me rendre compte que, même à petite échelle, on pouvait participer à de grandes choses. »
Une association née à HEC
L’engagement de Kevan prend une nouvelle ampleur lorsqu’il intègre la Grande Ecole. Il rejoint alors Rêve d’Enfance et en devient le président en juillet 2023.
L’association est chargée d’histoire. C’est Benoît Chatillon (H.05), ancien étudiant d’HEC qui l’a créée en 2001. Ayant lui-même survécu à une leucémie lorsqu’il était plus jeune, il savait mieux que quiconque à quel point une enfance passée à l’hôpital peut être éprouvante et morose. Il avait donc à cœur de contribuer à rendre la jeunesse des enfants malades plus joyeuse et leur donner de l’espoir.
Les membres de Rêve d’Enfance sont tous des étudiants d’HEC et les liens avec les générations précédentes se renforcent au fil des années. « Lorsque nous aurons fini nos études et qu’on aura notre carrière, nous n’aurons peut-être plus le temps de nous consacrer autant à l’humain, alors il serait vraiment dommage de ne pas utiliser tout le temps libre que nous avons sur le campus pour venir en aide aux gens dans le besoin », souligne Kevan.
Ce qui me pousse à ouvrir mon ordi et à travailler pour Rêve d’enfance le matin ? La joie et le sourire des enfants qui donnent un sens à notre travail, mais surtout les moments de bonheur qu’on peut partager avec eux. Ce sont des moments clés à la fois pour les enfants mais aussi pour nous car ils nous en apprennent beaucoup sur la vie !
On aurait tendance à sous-estimer l’importance du mental dans le processus de guérison des patients. Les enfants remercient toujours implicitement les bénévoles, mais du côté des parents, la gratitude est manifeste. « Les parents nous envoient régulièrement des messages de remerciements. Une maman nous a une fois écrit : « Personnellement, pour ma fille et nous parents mais également sa grande sœur, vous avez été essentiels dans sa guérison, tout autant que les traitements et les soignants. Rêve d’enfance lui a permis de rencontrer d’autres enfants malades et de ne pas se sentir à part, et même de reprendre goût à la vie. Je pense que sans Rêve d’enfance, ma fille n’en serait pas là aujourd’hui. » Lorsqu’on reçoit de tels messages, on prend davantage conscience de l’importance de notre rôle sur le mental des enfants. » Garder une psychologie positive en dépit de l’enfer de leur quotidien est primordial, rien que pour ne pas garder de séquelles mentales sur le long terme. Une fois que l’enfant est guéri, il sort de l’hôpital, mais que se passe-t-il après ? Comment profiter de la vie quand ils ont passé la leur enfermés dans une chambre d’hôpital ?
Une croisière en Corse
Rêve d’enfance, comme son nom l’indique, consiste à réaliser les souhaits de voyages et de sorties des jeunes patients. Le plus grand défi de l’année pour les membres de l’association est l’organisation d’une croisière d’été. En effet, tous les ans et ce depuis 2001, une trentaine d’enfants montent à bord d’un bateau pour une traversée en direction de la Corse. Pour ce faire, les organisateurs doivent faire preuve d’une méticulosité extrême et n’ont pas droit à la moindre erreur. Aidés par La ligue contre le cancer corse, pour assurer la sécurité de ces petits voyageurs à la santé fragile, les bénévoles passent des formations et sont accompagnés en permanence par des internes en médecine, des infirmiers et puéricultrices, et même les capitaineries sur place.
En plus de ce grand événement, l’association s’impose un objectif de sorties mensuelles. Chaque mois, les enfants ont la chance de pouvoir se rendre dans divers endroits amusants et enrichissants. Huit d’entre eux ont ainsi pu participer à des ateliers artistiques et de création audiovisuelle au Lavoir numérique. « Au début de l’année, on arrive avec des étoiles plein les yeux en se disant qu’on va organiser un week-end au Parc du Petit Prince, un en Bretagne… Mais malheureusement, la dure réalité de la trésorerie nous rattrape souvent, surtout qu’on essaie de conserver un maximum de fonds pour la croisière. On fait donc en sorte d’organiser de super sorties gratuites ou à moindre coût pour les enfants. »
L’objectif de ces excursions n’est pas seulement de les divertir mais également de leur donner de l’espoir et des objectifs. « On cherche vraiment à proposer aux enfants des expériences qui vont les inspirer sur le long terme. Leur donner des idées et les faire rêver. D’où le nom de l’association ! », clame le bénévole. En début d’année, les jeunes malades se sont vu offrir une visite de l’atelier Lenôtre où deux chefs pâtissiers leur ont appris des recettes et leur ont réellement expliqué leur métier. « Les enfants étaient fous de joie ! Ils en sont sortis grandis et inspirés ! », se souvient Kevan ravi.
Un rêve pour en réaliser d’autres
Mon plus grand rêve pour l’association, c’est juste qu’elle continue d’exister et de faire ce qu’elle fait en encore plus grand. Elle est déjà parfaite et j’aimerais juste qu’elle puisse faire rêver encore plus d’enfants ! On a les moyens humains, mais j’aimerais que le budget suive… On se bat au quotidien pour y arriver !
Bien qu’elle possède l’un des plus grands budgets du campus, avec comme partenaires principaux Accuracy et HEC, l’ONG peine à couvrir les fonds nécessaires à son bon fonctionnement. « Le danger pour Rêve d’Enfance c’est que nous dépendons essentiellement de prix ». Rien que cette année, l’association a par exemple remporté les prix EY, de HEC Junior Conseil, de L’Oréal et celui des Carrefour HEC. Mais en dépit de ces grands succès, reposer son budget sur ces victoires est un risque, car ils ne peuvent pas être sûrs de gagner à chaque fois. Ils ont en plus dû essuyer un coup dur après la crise sanitaire, puisqu’un grand nombre de leurs partenaires ont rompu leur contrat avec eux, faisant ainsi perdre 22 000 euros à l’association. « Nous sommes constamment à la recherche de prix et d’entreprises pour trouver de nouveaux partenariats sur le long terme. Parce que c’est un beau projet et nous espérons tous que nous allons rapidement les trouver, sinon il se pourrait que la survie de Rêve d’Enfance soit menacée… », s’inquiète-t-il.
Si vous souhaitez faire un don, devenir partenaire ou simplement en découvrir plus sur Rêve d’Enfance, vous pouvez vous rendre sur ce lien : https://www.revedenfancehec.com/
Published by Loane Gilbert